C'est la lutte...
Brizé-Lindon reforme le duo gagnant de « La loi du marché » pour dénoncer à nouveau l’absurdité du monde actuel. Le film est hyper documenté mais reste une fiction. Brizé parvient à rester sur une fine ligne de crête ni documentaire plombant ni romanesque larmoyant. Le thème du film est brûlant d’actualité : le combat de salariés voyant leur entreprise fermée non au prétexte qu’elle soit déficitaire mais au seul motif qu’elle ne soit pas assez rentable. Le combat pour garder leur emploi des salariés de l’entreprise fictive « Perrin Industrie » du film en rappelle bien d’autres : Goodyear, Continental, Whirlpool, Sanofi pour les plus connus. Brizé travaille un matériau complexe dans toute sa complexité. Aucun acteur (syndicats, patrons, institutionnels,…) n’est pointé du doigt ; pas de stigmatisation ou de réponse facile ; juste un constat dur à avaler : le capitalisme est générateur de drames humains… mais pose une question cruciale : comment résister et lutter ? Cette confrontation entre capital et travail au cœur des discussions jalonnant le film ne trouve pas de réponse ; peut-être une seule en fait, les deux ne se comprennent plus parce qu’ils ne poursuivent pas le même objectif. C’est une réflexion sur des luttes antagonistes entre multinationales sur la défensive jouant la langue de bois pour ne pas répondre aux questions simples d’un ouvrier syndicaliste. La réponse serait violente mais au combien utile ; l’humain n’est pas au cœur de nos préoccupations. Basta !!! Car c’est bien la brutalité faite à l’humain qui engendre la lutte sociale et parfois la violence de gens qui n’ont rien à perdre. Brizé avec sa caméra en immersion complète et un cadre toujours entravée par une épaule, une tête, un mur nous plonge au cœur des débats et des manifs. Cette largeur des plans toujours enserrée étouffe les syndicalistes tout autant que nous spectateurs. Le découpage et le montage sont tout aussi redoutables et étouffants. Film social et politique balancé comme un uppercut ; glaçant et dérangeant, c’est le genre de film dont on ne ressort pas tout fait le même. Sans conteste un film majeur de cette année cinématographique même si le final laisse pantois et nous plonge dans une forme d’incompréhension. Cette fin pose bien des questions sur le jusqu’auboutisme de la lutte, sur le combat déjà perdu entre le pot de terre et le pot de fer, sur le manque d’unité des classes populaires nécessaires pour gagner la lutte.
Sorti en 2018
Ma note: 18/20
Brizé-Lindon reforme le duo gagnant de « La loi du marché » pour dénoncer à nouveau l’absurdité du monde actuel. Le film est hyper documenté mais reste une fiction. Brizé parvient à rester sur une fine ligne de crête ni documentaire plombant ni romanesque larmoyant. Le thème du film est brûlant d’actualité : le combat de salariés voyant leur entreprise fermée non au prétexte qu’elle soit déficitaire mais au seul motif qu’elle ne soit pas assez rentable. Le combat pour garder leur emploi des salariés de l’entreprise fictive « Perrin Industrie » du film en rappelle bien d’autres : Goodyear, Continental, Whirlpool, Sanofi pour les plus connus. Brizé travaille un matériau complexe dans toute sa complexité. Aucun acteur (syndicats, patrons, institutionnels,…) n’est pointé du doigt ; pas de stigmatisation ou de réponse facile ; juste un constat dur à avaler : le capitalisme est générateur de drames humains… mais pose une question cruciale : comment résister et lutter ? Cette confrontation entre capital et travail au cœur des discussions jalonnant le film ne trouve pas de réponse ; peut-être une seule en fait, les deux ne se comprennent plus parce qu’ils ne poursuivent pas le même objectif. C’est une réflexion sur des luttes antagonistes entre multinationales sur la défensive jouant la langue de bois pour ne pas répondre aux questions simples d’un ouvrier syndicaliste. La réponse serait violente mais au combien utile ; l’humain n’est pas au cœur de nos préoccupations. Basta !!! Car c’est bien la brutalité faite à l’humain qui engendre la lutte sociale et parfois la violence de gens qui n’ont rien à perdre. Brizé avec sa caméra en immersion complète et un cadre toujours entravée par une épaule, une tête, un mur nous plonge au cœur des débats et des manifs. Cette largeur des plans toujours enserrée étouffe les syndicalistes tout autant que nous spectateurs. Le découpage et le montage sont tout aussi redoutables et étouffants. Film social et politique balancé comme un uppercut ; glaçant et dérangeant, c’est le genre de film dont on ne ressort pas tout fait le même. Sans conteste un film majeur de cette année cinématographique même si le final laisse pantois et nous plonge dans une forme d’incompréhension. Cette fin pose bien des questions sur le jusqu’auboutisme de la lutte, sur le combat déjà perdu entre le pot de terre et le pot de fer, sur le manque d’unité des classes populaires nécessaires pour gagner la lutte.
Sorti en 2018
Ma note: 18/20