S’il y a bien un réalisateur qui dénote dans le monde du cinéma d’aujourd’hui, c’est bien Tarantino. Avec un style propre à lui ultra-violent, sanglant et basé sur de formidables BOs, Tarantino ne laisse personne indifférent. Alors que jour après jour le casting de son prochain long-métrage s’allonge, nous avions envie de revenir, en toute subjectivité, sur les 8 long-métrages qu’il a réalisé intégralement (exit donc Groom Service)…
N°8 : Boulevard de la mort (2007)
Partie du diptyque Grindhouse réalisé avec son ami Robert Rodriguez, Boulevard de la mort semble se vouloir comme un hommage au série B. Mais son rythme inégal en 2 actes, tantôt lancinant tantôt bourrin, a la fâcheuse tendance de laisser son spectateur quelque peu de côté, cela malgré un excellent Kurt Russell. Moins séduisant que sur le papier.
N°7 : Jackie Brown (1997)
Troisième film de QT, prolongement de style de ses deux premières oeuvres, Jackie Brown avait tout pour être le digne sucesseur de Reservoir Dogs et Pulp Fiction. Mais Tarantino s’essoufle ici sans vraiment se renouveler, preuve qu’il a tout exploré dans le domaine. Restant quand même plaisant à visionner, Jackie Brown ne marque finalement pas vraiment son spectateur et lui donne l’illusion d’avoir un Tarantino vraiment mineur. Dommage.
N°6 : Kill Bill (2003 & 2004)
C’est à ce moment que le classement devient difficile à établir, tant désormais la filmographie de Tarantino est remplie de grands films. Kill Bill échoue donc à la 6e place, sa longueur et son inégalité suivant les segments le rendant peut-être le plus difficile à comprendre complètement pour le spectateur, qui malgré cela aura la chance de voir du très grand spectacle cinématographique, et la preuve que Tarantino a eu raison de s’accorder une pause après Jackie Brown.
N°5 : Inglourious Basterds (2009)
Sûrement le film de Tarantino qui lui coûta le plus, en terme d’investissements comme en terme de temps, pour obtenir au final une magnifique synthèse stylistique, à la croisée de la cadence sacadée et brutale d’un Kill Bill ou du pointillisme d’un Pulp Fiction. Porté par un immense Christoph Waltz qui nous a peut être offert là la meilleure interprétation depuis une bonne dizaine d’années et une scène d’introduction dantesque, Inglorious Basterds est, malgré quelques grosses longueurs, une oeuvre poignante qui scotchera le spectateur par sa brutalité et son histoire.
N°4 : Django Unchained (2012)
Tarantino n’a jamais caché son amour pour le western, et le voir enfin s’essayer au registre en réjouissait plus d’un. Bourré d’hommages à son réalisateur favori Sergio Leone, QT s’approprie les codes du western spaghetti qu’il adapte à sa sauce, pour nous offrir un film violent, puissant, prouvant à beaucoup que le western est (très) loin d’être mort. C’est tant mieux, tant Django Unchained est juste dans l’écriture, la mise en scène et le jeu d’acteurs, et tant il est un vrai plaisir de visionnage.
N°3 : Les Huit Salopards (2016)
Dernier Tarantino en date, deuxième western de QT, ce dernier opère un changement assez net dans sa filmographie. Plus mature, plus profond, exploitant à merveille le 70mm, admirablement bien construit (à montrer dans les écoles !), Les Huit Salopards s’impose comme un film majeur de Tarantino, plus proche de ses premières oeuvres que des plus récentes, et offrant, si l’on s’accroche, un très grand moment de cinéma.
N°2 : Reservoir Dogs (1992)
Les premiers films ont souvent de nombreux défauts de jeunesse, mais certains cinéastes arrivent quand même à proposer des grosses claques d’entrée de jeu. Orson Welles nous a offert Citizen Kane, Tarantino proposa Reservoir Dogs ; huit clos bourrin et efficace qui enferme dans la même spirale ses personnages et son spectateur, difficile de ne pas adhérer à l’oeuvre, tant la viscéralité de l’acte nous délivre toute l’étendue du talent de Tarantino. Si on pensait que le film était dépourvue de défauts, il ira encore plus loin dans la qualité 2 années plus tard…
N°1 : Pulp Fiction (1994)
La Palme d’Or, le grand film de Tarantino. Partant de l’excellente base Reservoir Dogs, QT se bonifie pour nous offrir une vraie merveille minutieuse de scénario (si vous n’êtes pas convaincu, je vous renvoie vers l’excellent article de Pascal Bonitzer paru dans Trafic, n°13). Porté par un casting de choix, Pulp Fiction reste le Tarantino ultime, parfaite synthèse de son style atypique, oeuvre puissante qui ne laisse personne insensible (en bien ou en mal), plus profonde que sa réputation peut parfois laisser penser, et que chacun devrait avoir vu au moins une fois dans sa vie…