Sans doute le dernier grand film du réalisateur Richard Fleischer à qui ont doit quelques chefs d’œuvres comme "Les Vikings" (1958), "L'Etrangleur de Boston" (1968) et "Soleil Vert" (1973). Cette fois il signe un film sur l'esclavagisme dans les états du Sud dans la génération qui précède la Guerre de Sécession. Une histoire dans l'Histoire adaptée du roman éponyme (1957) de Kyle Onstott, l'auteur utilisant notamment des recherches anthropologiques de son fils en Afrique de l'Ouest. Notons que pourtant le film diffère un peu du roman sur ce point. En effet, le livre est particulièrement précis sur les mœurs des esclaves et sur les aspects économiques et commerciaux de l'esclavage tandis que le film repose surtout sur les relations humaines directes entre les propriétaires et leurs esclaves "proches"...
Produit par le nabab Dino De Laurentiis, le film est doté d'un scénariste auréolé du succès de "Serpico" (1973) de Sidney Lumet, Norman Wexler qui signera juste après le scénario de "La Fièvre du samedi Soir" (1977) de John Badham. On suit donc le destin d'une plantation dont le patriarche veut que son fils, amateur d'esclaves fraîches, épouse une blanche pour voir son petit-fils et héritier avant de trépasser. Le patriarche est interprété par l'excellent James Mason qui était là à 40 ans de carrière avec une multitude de chefs d'oeuvre dans sa filmo comme "20000 "La Mort aux Trousses" (1959) de Alfred Hitchcock et "Lolita" (1962) de Stanley Kubrick, tandis qu'il retrouve Richard Fleischer après "20000 Lieues sous les Mers" (1954). Sinon pas de stars si ce n'est qu'on reconnait Susan George connue comme la jeune épouse de Dustin Hoffman dans "Les Chiens de Paille" (1971) de Sam Peckinpah. On reconnaitra également l'acteur Richard Ward connu pour être le captaine Dobey supérieur de "Starsky et Hutch" (1975-1979), puis un certain Ken Norton champion du monde Poids Lourd 1978 en boxe, rival emblématique de Mohamed Ali et, pour l'anecdote, qui était le premier choix pour Appolo Creed dans "Rocky"... On peut dire que ce film est une version moins édulcorée de "Autant en Emporte le Vent" (1939) de Victor Fleming tandis qu'il est une référence nette dans "Django Unchained" (2012) de Quentin Tarantino. En cela il est difficile à comprendre que ce film fut en son temps qualifié de "raciste" alors qu'il est au contraire une charge en règle contre ce système inhumain de la traite d'esclave. Les Blancs y sont racistes, violents, écœurants, cruels mais ils sont aussi humains de par leurs choix, par idéologie et/ou par éducation. Les esclaves noirs sont travailleurs, obéissants, forts mais aussi soumis dans une colère froide et prête à exploser qui n'est pas gérée de la même manière selon chacun, car eux aussi finalement sont humains...
Outre les deux films cités plus haut, on pense aussi au récent "12 Years a Slave" (2013) de Steve McQueen mais "Mandingo" est plus fort émotionnellement car la violence y est plus brutale et animale, les sentiments plus exacerbés et avec un degré de réalisme qui fait froid dans le dos. La reconstitution est magnifique, sans luxe exagéré chez les blancs, avec une photographie soignée qui accentue parfaitement le réalisme du récit. On peut être un peu perplexe sur la différence entre la plantation et le quotidien des Maxwell comparée aux Woodford, les premiers étant censés être beaucoup plus riches paraissent en effet plus pauvres. Un détail... L'histoire est terrible et terrifiante. Se déroulant vers 1840 le film aborde des sujets particulièrement tabous, particulièrement à cette époque mais aussi en 1975 (aujourd'hui !). Ainsi le fils se sert de ses esclaves aussi pour le sexe, il épouse une blanche par convenance et ne peut plus l'aimer quand il apprend que son épouse a perdu sa virginité avec son propre frère. Il s'avère qu'il aime vraiment une de ses esclaves, il délaisse donc son épouse alors que le patriarche fait son possible pour que le couple lui offre quoiqu'il arrive un héritier. Le récit se lit sur différents niveaux : relation sexuelle entre blanc/noir, convenances, procréation, droits des uns devoirs des autres... etc... Un récit dense et parfaitement cohérent dans son évolution avec, mine de rien, un système qui est déjà dans le déclin. Un grand film, malheureusement trop méconnu et qui mériterait une postérité plus forte. A voir et à conseiller.
Note :
17/20