La Vallée de la Peur (1946) de Raoul Walsh

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Bien qu'assez méconnu ce western reste particulier, que certains qualifie de "premier western psychologique" avec un propos de fond freudien. Où comment Jeb, qui a été recueilli enfant par la famille Callum, apprend une fois adulte le destin de sa famille particulièrement lié à sa famille d'adoption... La scénario est signé de Niven Busch qui venait de connaitre coup sur coup deux grands succès, d'abord avec le scénario de "Le Facteur sonne toujours Deux Fois" (1946) de Tay Garnett et avec son roman adapté "Duel au Soleil" (1946) de King Vidor. Le film est réalisé par le grand Raoul Walsh, pionnier du 7ème Art et pionnier du western qui, étonnament, tourne ce film avec un duo de stars pour leur unique fois. Teresa Wright, qui est alors l'épouse de Niven Busch, est une actrice accomplie révélée par ses films avec William Wyller dans les chefs d'oeuvre "La Vipère" (1941), "Madame Miniver" (1942 - Oscar en prime pour l'actrice) et "Les plus belles années de notre vie" (1946). Robert Mitchum est alors en train de gravir les échelons durant cette année 1947 particulièrement faste où il devient une star avec les succès successifs "Les Forçats de la Gloire" (1945) de William A. Wellman, "La Griffe du Passé" (1947) de Jacques Tourneur et "Feux Croisés" (1947) de Edward Dmytryk.

A leurs côtés on notera les présences de Harry Carey Jr dans son 1er film, qui sera un grand fidèle de John Ford et qui retrouvera Mitchum pour un ultime film ensemble dans "Tombstone" (1993) de George Pan Cosmatos, ainsi que l'actrice Judith Anderson éternelle madame Danvers dans "Rebecca" (1941) de Alfred Hitchcock et vue dans "Laura" (1944) de Otto Preminger. L'intelligence du scénario c'est qu'il ne s'agit nullement pas d'une vengeance (comme on le lit trop souvent) mais juste d'une homme qui veut connaitre et comprendre pourquoi il a été adopté, pourquoi la disparition de sa famille reste une secret tabou. Pas de vengeance primaire ici, jamais Jeb ne part que chasse pour châtier les coupables de son malheur, ce sont ces derniers qui sont comme des rapaces à attendre le moment fatidique.

Jeb arrice à un moment de sa vie où il veut comprendre afin de se libérer son esprit d'un poids trop lourd pour pouvoir enfin vivre sereinement. Le récit est passionnant, avec un traitement du sujet plus proche du drame psychologique que du western pur qui ajoute une valeur ajouté au film non négligeable. Cependant, Mitchum est à une époque où il manque encore parfois de nuance, ici il reste trop monolithique et on ne décèle pas franchement la détresse morale dans lequel devrait être son personnage. Heureusement son magnétisme atténue ce petit bémol, tandis qu'il forme avec Teresa Wright un couple touchant. Autre petit bémol avec un final est un peu trop vite expédié. Cependant, ce western reste un grand film qui mérite qu'on s'y attarde. Pour l'anecdote, ce film serait le dernier vu par Jim Morrison leader du groupe The Doors avant sa mort.

Note :             

15/20