Décidément le mois de juin est une réussite du côté des films de genre. En plus du très bon Sans un Bruit, il y a aussi la découverte de Hérédité sur laquelle se pencher, avec la révélation d’un grand talent, le réalisateur Ari Aster.
Après plusieurs court-métrages remarques, Ari Aster aurait bien voulu se consacrer à plein de genres assez ambitieux. Mais, malin, il se dit que pour réunir un budget plus facilement, il sera peut-être plus rapide de se pencher sur un film d’horreur. Un choix logique qui lui permet aussi de garder le contrôle. Du coup il se penche sur Hérédité qui, depuis sa présentation à Sundance, fait plutôt bien parler de lui.
Pourtant, dans le genre du film fantastique, l’histoire semble plutôt classique. Une famille isolée, endeuillée par la perte de la grand-mère va petit à petit commencer à percevoir d’étranges phénomènes. Cela commence avec la fille légèrement autiste et se poursuit avec la mère qui va découvrir petit à petit ce que cachait la matriarche.
Le deuil pour installer l’ambiance
Alignant phénomènes paranormaux, séances de spiritisme puis allant jusqu’à la possession, sur le papier, le film aligne les poncifs et arrive parfois sur des terrains presques ridicules. Pourtant il ose pas mal de choses dans son récit comme écarter au bout d’un tiers l’un de ses personnages que l’on pensait clé, pour se consacrer alors pleinement au trauma de la famille.
Pendant la première heure du film, c’est ainsi beaucoup plus un drame sur le deuil qu’un film fantastique. Il gagne alors énormément de cachet en développant des personnages et une situation réaliste qui rendra la suite encore plus intriguante.
Dans la seconde partie, il partira alors beaucoup plus directement dans le fantastique influencé par Polanski et consorts en ayant justement bien digéré ses influences pour les faire siennes dans le contexte feutré de cette maison isolée et avec cette famille qui se délite.
La révélation Ari Aster
Hérédité se démarque aussi grâce à deux grands atout. Le premier c’est son casting. Nous avons là des personnages matures et réalistes, aux réactions qui peuvent sembler naturelles devant les événements traversés. A ce jeu, évidemment, Toni Colette est encore excellente mais il ne faut pas non plus oublier les impeccables Gabriel Byrne et Alex Wolff dont la relation père-fils est assez forte.
L’autre atout est celui de la réalisation d’Ari Aster. Pour un premier film, le jeune réalisateur fait preuve d’une maîtrise incroyable dans le choix de ses cadres. Utilisant le métier de la mère, maquettiste, comme parabole, il n’hésite pas à nous faire entrer dans cette histoire comme dans une maison de poupées où le réèl et l’artificiel se confondent régulièrement. N’abandonnant jamais ce principe, cela lui permet de créer une ambiance assez unique.
Naviguant tout de même parfois sur le fil du ridicule ou de la démonstration, Aster arrive tout de même à nous interroger et à apporter du mystère pendant les 2 heures de films et cela, sans utiliser de jumpscare pour nous faire sursauter, ce qui est aujourd’hui presque un exploit !
Ainsi Hérédité est une belle réussite dans le genre, n’étant pas la pour faire sursauter les spectateurs mais les installer dans une ambiance particulière avec un mystère qui entour des personnages endeuillés intéressants. Et surtout, la révélation du talent fou d’Ari Aster à simplement canaliser un peu.