Quand Quentin Dupieux embarque Benoit Poelvoorde et Grégoire Ludig dans un huis-clos policier, ça rend forcément le quotidien absurde et de grands éclats de rire. Forcément, on aime Au Poste !
Eric Judor, Alain Chabat, Jonathan Lambert et prochainement Jean Dujardin. Il n’y a pas à dire, Quentin Dupieux sait s’entourer des comédiens comiques les plus drôles et absurdes pour les emmener dans son monde de manière unique. Et pour revenir sur le territoire du film français 11 ans après Steak, il s’offre un duo improbable mais qui fonctionne très bien avec Benoit Poelvoorde et Gregoire Ludig (sans son pote du Palmashow).
L’histoire tient sur une petite heure et quart. Un temps court, un récit ramasser qui suffit largement pour raconter ce que le réalisateur à en tête sans s’embourber et sans perdre le timing nécéssaire pour que le comique fonctionne. Un peu plus de 60 minutes pendant lesquelles on se retrouve coincé au poste avec Fugain (Ludig) accusé d’un meurtre dont il se dit innocent, et le comissaire Buron qui l’interroge.
Fugain a faim, mais Buron a toute la nuit pour l’interroger. Ca risque d’être long pour les deux. Et heureusement ça ne l’est pas pour le spectateur car il y a des idées qui viennent appuyer le comique de la situation à chaque instant. Et le fait que les situations les plus iconoclastes, comme la fumée de cigarette s’échappant du pull de Buron lorsqu’il se met à fait, soient vues comme tout à fait normales sont à mourir de rire.
Il faut dire que le duo Poelvoorde / Ludig fonctionne particulièrement bien. Le premier, pour une fois, ne monte pas dans les tours, et délivre les répliques avec un sens de l’autorité comique imparable, quand le second doit réagir comme si de rien n’était, une presque non-réponse qui est en soi aussi drôle. Et le duo est en plus entouré de seconds rôles qui apportent encore plus d’absurde à l’histoire, à l’instar de Marc Fraize dont le sens de l’humour correspond bien au cinéma de Dupieux.
Il faut dire aussi qu’en soit, le film ose tout de même parler de quelque chose de simple, à savoir le quotidien ennuyeux de monsieur tout le monde. Et même le meurtre dont il semble l’auteur sera en réalité un concours de circonstance on ne peut plus banal. Comme si il y avait une certaine ineluctabilité à ce que le quotidien soit morne et que même quelque chose d’innatendu le soit tout autant, à l’image du triste bureau de policequasiment vide pendant cette nuit d’interrogatoire.
Seule la chute déconcertera un peu. Car si elle permet de se raccrocher au monde du spectacle, cela partait pourtant un peu changer le sujet et apporter une conclusion parce qu’on ne savait pas où aller. Mais malgré ce défaut on peut dire que le récit de cette garde à vue est tout à fait drôle et on a déjà hâte de retrouver le prochain film de Mr Oizo !