[FUCKING SERIES] : Aggretsuko saison 1 : Quand un panda roux chante du Death Metal !

Par Fuckcinephiles

(Critique - sans spoilers - de la saison 1)

Imaginons un personnage mignon tout plein comme Hello Kitty, dans un monde coloré et doux comme un bonbon. Ce personnage, un panda roux (car on est d’accord c'est trop chou comme petit animal ?) serait gentil et souriant et travaillerait d’arrache-pied dans une grande entreprise à Tokyo. Le soir, pour exprimer sa frustration, ce panda irait dans un karaoké pour chanter du… death metal. Cette histoire paraît invraisemblable ? Pourtant, c’est le synopsis d’un nouvel anime japonais arrivé sur le Netflix français en avril 2018. Aggretsuko est une mini série colorée et délurée qui vaut le coup, mélangeant les gags comiques et une critique sur les conditions de travail, sur le harcèlement moral et sur le sexisme que peut subir une jeune femme.


Sanrio est la fameuse marque japonaise créateur de Hello Kitty (entre autre) qui a su s’exporter partout dans le monde. Pourtant Sanrio n’a pas que le petit chat blanc dans son stock de personnage kawaii. Retsuko, jeune panda de 25 ans en fait partie. Une série de 100 épisodes à été diffusé au Japon entre 2016 et 2018. La petite panda a tellement fonctionné que Netflix a demandé à pouvoir diffuser des épisodes. Ces 10 épisodes de 15 min est une version écourtée de la série originale, mais une saison 2 est en négociation. Sanrio, comme à son habitude, à créer des produits dérivés à l’effigie de leur héroïne. On espère que les produits vont vite s’exporter chez nous tant il va vous devenir indispensable de posséder une peluche Retsuko.

Malgré un visuel rose bonbon, il ne sera pas question de quête enfantine ou du merveilleux pouvoir de l’amitié ici. Retsuko a beau être un panda, elle n’en est pas loin une jeune cadre dynamique dans une des plus grandes entreprises de Tokyo. Elle est célibataire et ne sort pas beaucoup. Sa vie se résume à son boulot. Tous les matins, elle prend le métro bondé. Elle doit affronter la montagne de travail que ses collègues sans scrupules lui donnent, les réflexions sexistes de son patron (un cochon, je pense qu'on ne peut pas pousser la symbolique plus loin). Tout ça avec le sourire et la bonne humeur. Nous avons là une jeune femme au bord du burn out, qui pourrait glisser facilement dans la dépression.

Retsuko a quelque chose à quoi se raccrocher. Elle a son astuce pour se détendre et calmer sa rage et sa frustration. Non ce n’est pas du yoga, mais bien screamer sur du death metal toute sa rancœur sur les événements de sa journée. Tout y passe: boulot, collègue, transport, etc… Avec des paroles très drôles et parfois très vulgaire. On est loin de l’anime sans prise de tête. Mais Retsuko arrive à gagner notre cœur. Cette petite panda se bat et ne baisse jamais les bras. Harcelée, dévalorisée, traitée comme une moins que rien, chaque jour est un combat. Aggretsuko, abréviation de “Aguresshibu Retsuko”, qui se traduit en français par “Agressive Retsuko” le montre bien: Retsuko ne se laissera pas faire.

Car toute la force de Aggretsuko se trouve là: parler de sujet sérieux, tout en gardant un côté léger et déluré. En choisissant de placer son héroïne dans une entreprise, la série décide de nous plonger dans la réalité des conditions de travail au Japon. Les missions ingrates, les heures supplémentaires pas comptées, mais où on doit toujours être poli, ne pas se plaindre et lécher les bottes du boss pour monter en grade. Pour démontrer cela, Aggretsuko se pare d’une galerie de personnages stéréotypés mais qui fonctionne car ils remplissent à la fois la fonction de comédie et de drame. Les gags ont un côté doux-amer très bien dosé.

Se plonger dans l’univers de cette panda rousse, c’est choisir de voir des sujets sérieux comme le harcèlement et le sexisme d’une manière nouvelle. Cette série enrobée d’un nuage doux comme du coton montre une face beaucoup plus sombre que prévu. Aggretsuko nous amène à un questionnement intérieur sur le monde du travail et notre propre expérience. Cette série est aussi importante pour découvrir les conditions de travail assez particulière dans les entreprises japonaises. Mais elle n’en oublie pas d’être hilarante. Le format court permet de la visionner rapidement et de passer un bon moment.


Laura Enjolvy