Ce film est un des rares que Pierre Granier-Deferre réalise sans en avoir signé également le scénario. Le cinéaste est alors au sommet après une succession de grands films "La Horse" (1970), "Le Chat" (1971), "La Veuve Couderc" (1971) et "Le Train" (1973). Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme (1974) de Raf Vallet (pseudo du journaliste Jean Laborde) auteur déjà adapté au cinéma comme "Mort d'un Pourri" (1977) de Georges Lautner. Le roman s'inspire de l'affaire dite "Fusillade de Puteaux" (tout savoir ICI). Le scénario est donc signé d'un certain Francis Veber, qui commence alors à se faire un nom après les succès "Le Grand Blond avec une Chaussure Noire" (1972) de Yves Robert, "Le Magnifique" (1973) de Philippe De Broca et "L'Emmerdeur" (1973) de Edouard Molinaro.
Il signe avec "Adieu Poulet" un de ses rares films "sérieux". On suit donc des officiers de police qui enquêtent sur le meurtre d'un policier qui intervenait sur une bagarre entre colleurs d'affiches lors d'une campagne politique. Les deux policiers principaux sont interprétés par Lino Ventura qui avait déjà tourné sous la direction de Granier-Deferre dans "La Métamorphose des Cloportes" (1965), et Patrick Dewaere qui venait d'atteindre un nouveau statut après le succès "Les Valseuses" (1974) de Bertrand Blier. A leurs côtés on reconnaitra une jolie brochette de "gueules" du cinéma hexagonal de Victor Lanoux à Julien Guyomar en passant par Claude Rich, Dominique Zardi et Valérie Mairesse... Plus qu'un simple polar le scénario s'attache à dénoncer les corruptions et dessous de tables mais surtout le pouvoir des politiciens. Le sujet semble essentiel à tel point que le récit se focalise sur ce point et délaisse un peu trop le côté enquête policière.
Le film s'ouvre sur une affaire aussi vite délaissée avec pourtant un "message subliminal" d'une tenancière qui aurait dû ouvrir quelques portes intriguantes. Le scénario manque sans doute un peu de finesse mais le film est imprégné de son époque, de cet univers de politique rance des seventies. Le meilleur reste le joli duo Ventura-Dewaere qui n'est pas aussi classique qu'il peut y paraitre. Ventura en flic expérimenté, intègre et incorruptible face à un de ses lieutenants, Dewaere étant le chien fou qui attend qu'on lui propose de lâcher la bride. Si la filiation semble logique il en est pourtant rien, Dewaere n'est pas un jeune sorti de l'école et s'impose avec subtilité. Granier-Deferre signe un polar de facture classique mais qui se démarque par quelques idées solides dont une dernière scène aussi pessimiste que fataliste.
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