Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le roman de Genji » de Gisaburo Sugii.
« Tout ce que je souhaite c’est que vous vous souveniez de moi comme d’une femme de la Maison des fleurs vespérales »
Bien que fils de l’Empereur, Hikaru Genji ne peut prétendre au trône. D’une très grande beauté, c’est un poète accompli, un musicien remarquable et un insatiable séducteur.
Sa passion pour les femmes, parmi lesquelles la jeune épouse de son père, pourrait avoir de funestes conséquences…
« Dès que je l’ai vu la première fois, j’ai su que je ne pourrai la laisser à personne d’autre »
Pionnier de l’animation japonaise, Gisaburo Sugii fait ses classes au sein du mythique studio de la Toei Animation, participant notamment en tant qu’animateur à la réalisation du « Serpent blanc » (1958), premier long-métrage d’animation de l’histoire du cinéma nippon. Mais prenant rapidement son envol, il réalisera dès 1963 son premier film d’animation, « Astro le petit robot », qui l’impose aussitôt comme l’un des pères fondateurs de la Japanime. Après plusieurs succès commerciaux au cours des années 60 et 70 (notamment « Jack et le haricot magique » en 1974), il aborde les années 80 avec la volonté farouche de développer des films d’animation plus matures et destinés à un public volontiers plus adulte. C’est ainsi qu’il se lança coup sur coup dans l’adaptation très ambitieuse de deux classiques de la littérature japonaise : « Train de nuit dans la voie lactée » (1985, d’après Kenji Miyazawa) et « Le roman de Genji » (1987, d’après Murasaki Shikibu).
« Le destin, sous l’apparence de la lune cachée par les nuages, nous a réuni »
Écrit au onzième siècle, « Le dit du Genji » demeure une œuvre phare de la littérature japonaise. Un roman fleuve et dense (près de deux cents protagonistes !), considéré par beaucoup comme le premier roman psychologique de l’histoire du monde. Un roman d’une rare complexité surtout, dont l’adaptation au cinéma constituait forcément une gageure. Mais force est de constater que Gisaburo Sugii se montre à la hauteur de ce défi qu’il relève avec beaucoup de talent. Il nous plonge ainsi dans un Japon médiéval sublimé par une animation d’une incroyable beauté et un soin esthétique de tous les instants. Surtout, sur fond d’intrigues de cour, il nous conte l’ascension puis la déchéance de Genji, fils de l’Empereur qui, à défaut de pouvoir nourrir des ambitions politiques, multiplie les conquêtes féminines, comme s’il était à la recherche d’un idéal féminin inaccessible. Abordant des thèmes d’une grande modernité (l’argent, le pouvoir, la sexualité, le rapport de classe), le film se fait ainsi tantôt sensuel, tantôt provocant (la relation qu’il entretien avec la femme de son père ou avec une petite fille qu’il adopte en vue d’en faire sa femme), à mesure qu’il nous décrit les tourments intérieurs du Genji. Si le récit, foisonnant et d’une relative complexité demeure parfois difficile à suivre, ce « Roman nous Genji » nous bluffe par son incroyable beauté formelle et sa virtuosité technique.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale japonaise (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
côté bonus, le film est accompagné d’une Interview d’un spécialiste de la littérature japonaise et d’une présentation du film par Olivier Falaix, spécialiste de l’animation japonaise.
Edité par Rimini Editions, « Le roman de Genji » est disponible en combo DVD + blu-ray depuis le 3 juillet 2018.
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