Nouveau film du réalisateur coréen Ryoo Seung-Wan qui, après les polars d'action comme "The City of Violence" (2006) et "The Agent" (2013) a choisi un sujet à la portée historique non négligeable. En effet, le cinéaste a eu l'idée du film après être tombé sur la photo de l'ile Hashima, (Tout savoir ICI !) symbole de la révolution industrielle japonaise de l'ère Meiji mais surtout haut lieu du travail forcé des coréens lors de l'occupation japonaise des années 1905-1945, le camp de concentration étant à son apogée pour l'effort de guerre en 1941-1945. Sur les 800 coréens présents sur l'ile durant cette période 120 y moururent, sans compter les conditions effroyables sur place. Des exactions terribles mis en lumière dans le rapport d'une commission d'enquête gouvernementale publiée en 2012... Si l'existence de l'ile et ses conditions de vie ne sont plus à mettre en cause ont servi à l'élaboration du film l'évasion de masse est elle fictive. Le cinéaste précise : "Certains ont réussi à s'évader de l'île, et d'autres pas, mais il n'existe aucun document d'archive prouvant que 400 personnes sont parvenus à prendre la fuite. C'est peut-être le fait qu'il n'y ait jamais eu d'évasion collective qui m'a donné envie de faire ce film."...
Au casting des acteurs plus ou moins connus et expérimentés, pour la plupart surtout connus chez eux en Corée du Sud. Les rôles principaux sont attribués à Joong Ki-Song aperçu dans "King Protector" (2008) de Ha Yu, la très jeune Soo-An Kim vue dans le très bon "Dernier Train pour Busan" (2016) de Sang-Ho Yeon, Jung-Min Hwang vu dans "A Bittersweet Life" (2005) de Kim Jee-Woon et "The Unjust" (2012) de Ryoo Seung-Wan, So Ji-Sub vu dans "A Company Man" (2012) de Lim Sang-Yoon et la jolie Jung-Hyun Lee vue dans "Myeong-Ryang" (2014 - le plus gros succès de l'histoire du cinéma coréen) de Kim Han-Min. Le film est soutenu par la productrice Kang Hye-Jeong qui était déjà derrière des films majeurs comme (2004) et "Lady Vengeance" (2005) tous deux de Park Chan-Wook. Hashima est surnommé "île-cuirassé" car elle fait penser à un cuirassé militaire de par ses bâtiments gigantesques et son aspect usine à charbon. Le premier défi du film a donc été la reconstitution de l'île sur un site militaire allant du "tristement célèbre escalier de l'enfer" aux immeubles d'habitation en passant par les mines de charbon, soit pas moins de 66000m2 de décors !
On s'y croirait, outre les décors le travail sur la lumière ajoute à la crasse et aux conditions malsaines qu'on devine aisément. Le film assume et assure un spectacle dantesque qui ne manque pas de souffle épique même si le réalisateur abuse parfois de subterfuges inutiles comme le ralenti et/ou de plans appuyés qui poussent facilement au pathos. Mais le pire reste sans doutes les dialogues qui frisent parfois le ridicule. On peut être allergiques aux performances des acteurs coréens, qu'on peut ressentir comme du surjeu. Néanmoins le scénario est prenant, cohérent malgré un grand nombre de personnages centraux et un final qui oscille entre grandiose et capharnaüm ; un final qui, avec indulgence, colle tout de même au chaos qui y est raconté. Au box-office coréen le film est un grand succès avec 6 millions d'entrées (pour 51 millions d'habitants !), ce qui s'explique aussi par le sentiment anti-japonais qui existe depuis 1945. En conclusion un très bon film de guerre et un drame historique certe fictionnel mais intéressant et maitrisé, un film ambitieux à la densité et à l'ampleur qui ravira les amateurs du genre.
Note :