De Julien Guetta
Avec Eric Judor, Laure Calamy, Brigitte Roüan
Chronique : Roulez Jeunesse se présente tout d’abord comme comédie burlesque et populaire qui déroulerait sereinement un canevas éprouvé, un gars ordinaire qui se retrouve dans une situation extraordinaire. Ici Alex, 43 ans, célibataire endurci qui se retrouve avec trois mômes qu’il ne connait pas sur les bras. Un sujet léger et un pitch idéal pour multiplier gags et quiproquos. Or contre toutes attentes Julien Guetta fait prendre à son histoire un virage surprenant vers la chronique sociale. Car oui, Roulez Jeunesse est drôle, mais pas que. Alors qu’Alex commence à s’attacher à cette fratrie inattendue, le fond du sujet prend de plus en plus d’épaisseur et révèle des enjeux plus complexes, sur la misère sociale et la distension des liens familiaux. C’est tout le talent du réalisateur et de son acteur principal que de nous saisir au milieu du gué et nous orienter avec douceur et sincérité vers une narration inattendue.
Eric Judor se révèle d’une épatante finesse dans sa manière d’appréhender son personnage. S’il conserve son ton singulier, il s’aventure dans un registre plus empathique et flirte avec la comédie dramatique, sans se renier mais en dévoilant une sensibilité qu’on ne lui connaissait pas. Plus globalement, le casting est admirablement homogène. Les gamins sont géniaux, (mention pour le jeune interprète de Kurt), et les rôles féminins (Laure Calamy, Brigitte Rouän) sont particulièrement bien défendus.
Après Problemos qu’il avait lui-même réaliser, Eric Judor confirme qu’il fait du bien à la comédie française en tentant de l’emmener sur des chemins de traverse. On le suit très volontiers.
Synopsis : Alex, 43 ans, est dépanneur automobile dans le garage que dirige d’une main de fer sa mère. Un jour, il dépanne une jeune femme et passe la nuit chez elle, mais au petit matin elle a disparu lui laissant sur les bras trois enfants.