David Robert Mitchell s’embarque dans le film noir, foisonnant et mystérieux à Los Angels avec Under the Silver Lake. Mais n’est pas David Lynch qui veut et cet exercice de style devient rapidement pompeux.
On a découvert David Robert Mitchell avec son 2e film, l’excellent film d’horreur It Follows qui revisitait les codes du genre avec une ambiance 80’s et plein de séquences particulièrement angoissantes. Présenté alors à la semaine de la critique, il a droit à une grosse promotion pour son nouveau long-métrage. En effet, Under the Silver Lake a droit à une présence en compétition officielle à Cannes. Cela créé forcément une attente particulière et si beaucoup on apprécié le melting pot-pop , il faut aussi souligner son irritante prétention.
Andrew Garfield campe donc un trentenaire un peu paumé, à deux doigts de se faire expulser de son appartement de Los Angels. Il tombe sous le charme de sa blonde voisine mais après une nuit à discuter, il découvre le lendemain qu’elle a disparu sans laisser de trace. Il va donc mener son enquête dans le quartier de Silver Lake pour la retrouver … une quête qui va lui faire emprunter un chemin de plus en plus sombre et délirant.
Dès le début du film, les pistes défilent, et les références aussi. Hitchcock, DePalma, Lynch, Polanski, les légendes du film noir sont clairement citées soit par références filmiques soit en mettant carrément leur portrait dans le film. Un enchaînement de références tellement peu subtil que l’on se demande bien si le réalisateur les a vraiment digéré. Le film en devient une compilation ostentatoire qui est ensuite dénoncée sans aller plus loin. Cependant le réalisateur n’a clairement pas encore la maturité pour en parler et cela vient très vite combler le vide de son histoire.
Un Silver Lake très vide
Car oui, son histoire pop et noire peine clairement à avancer. Enchaînant des séquences en soirée ou des séquences d’enquête qui n’ont ni queue ni tête pour une histoire principale dont la conclusion est particulièrement ridicule, David Robert Mitchell compense cela avec des histoires annexes de tueur de chien et de légende de femme-chouette-tueuse qui n’apportent jamais rien au récit. Cela peut créer une atmosphère spéciale mais échoue la plupart du temps.
En effet, là où Lynch arrive en général à nous entraîner dans son cauchemar et à nous interroger sur les éléments que nous voyons à l’écran et dans diverses interprétation, Mitchell fait petit à petit tomber son film dans un mystère de pacotille qui devient long et exaspérant, conscient de son envie d’interroger et de provoquer un revisionnage pour bien être sûr du vide de sa coquille. A se demander si lui-même sait vraiment où il veut aller puisque les séquences n’ont parfois même pas de lien entre elles, alors que d’autres fois il pourrait aller bien plus loin pour assumer ses intentions.
Sous le lac, l’ennui
Il y a bien quelques idées intéressantes (notamment autour d’un producteur de pop-culture omniscient), de belles images, et un Andrew Garfield particulièrement investi dans ce trentenaire rempli de désillusion face à la légende de la cité des anges. Mais tout cela tombe régulièrement à plat avec un réalisateur qui ne sait pas vraiment où le mener.
Délire trop précoce d’un réalisateur doué mais qui a déjà la folie des grandeur et la prétention d’avoir du recul pour revisiter un genre, Under the Silver Lake n’a même pas l’audace de proposer quelque chose de vraiment nouveau comme le trop mésestimé Southland Tales de Richard Kelly, ce qui est bien dommage. Du coup, le film fera plaisir aux analystes de cinéma avide de « film à branlette intellectuelle » mais va laisser pas mal de monde sur la route de l’ennui et de l’énervement.