Je sais que l'on n'a pas tous les mêmes critères pour définir le genre de cinéaste que l'on apprécie. Par exemple moi j'aime ceux qui ne laissent pas le visuel au second plan, qui prennent soin de jouer avec les couleurs pour nous dire quelques choses et qui apportent aussi de la matière à l'écran. Une chose que je trouve relativement rare dans le cinéma français contemporain et qui me navre un peu. Ceci dit, dans le genre il y a un cinéaste français que je n'avais jamais essayé malgré son univers bigarré, la grande gueule Jean-Pierre Jeunet !
Pourtant, ce que je voyais de lui m'irritais fortement, son « Amélie Poulain » à l'époque m'angoissait et son coup de gueule (de com?) lors de la sortie de « La Forme de l'Eau » m'a relativement agacé ! J'ai donc laissé passer quelques mois et j'ai découvert « Alien la Resurrection », « Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain » que j'ai aimé et enfin « La Cité des Enfants Perdus » ! Ce qui était un peu trop ...
« Krank, un étrange personnage vit entouré de clones et d'autres personnages encore plus étranges sur une plate-forme en mer perdue dans le brouillard. Krank, doit, pour ne pas vieillir trop vite, voler les rêves des enfants. C'est pour cela qu'il les enlève de la cité portuaire. »
Je ne vais pas dire que j'étais confiant après avoir découvert « Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain », mais je m'avançais vers ce film avec quelques certitudes, notamment celle d'être réceptif à l'univers de Jean-Pierre Jeunet. Mon optimisme n'a pas hélas suffit, car il s'est très vite heurté au film et à ses personnages particulièrement agaçants !
Le scénario on le doit à Marc Caro, à Jean-Pierre Jeunet et à Gilles Adrien un scénariste de bandes dessinées. Ensemble, ils tissent une intrigue limpide. On est dans un univers à tendance « steampunk »ou un « espèce » de fou fait enlever sur la cité des enfants perdus, des enfants par les membres d'une secte pour qu'il puisse voler en toute tranquillité les rêves des enfants. Sauf qu'un jour, ils kidnappent le « mauvais enfant » et un gentil colosse se met en tête de le sauver. Dans sa quête il trouvera sur son chemin une petite fille, du nom de « Miette » ! Et quand je vous le raconte ainsi, je trouve cela intéressant sauf que l'intrigue n'explicite ni n'explique quoi que ce soit.
Personnellement je ne demande pas à ce que l'on me tienne la main, mais un minimum est requis pour qu'il y est un minimum d'implication de notre part et ça ils l'oublient constamment! Par exemple « La Cité des Enfants Perdus » qu'est ce que c'est ? Pourquoi est ce ainsi ? Comment c'est arrivé ? Quand ? Pleins de questions qui rendent l'expérience frustrante et ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autres !
Et rien dans la réalisation du duo viendra amoindrir ces points-là, certes ils savent composés de belles images, avec un vrai sens du cadre, mais ils n'y insufflent aucun mouvement, pire elle se révèle incapable de donner du rythme au récit, alors que le matériel est en or ! Le film a bénéficié des meilleurs techniciens dans leurs domaines à l'époque, notamment dans les effets visuels comme spéciaux, avec « Pitof » notamment ! On retrouve aussi la direction artistique de Marc Caro qui est d'une richesse incroyable, a un point tel où des détails vous échapperont forcément, Jean Rabasse signe des décors imposants pour lesquels il fut récompensé aux Césars, le compositeur phare de David Lynch, Angelo Badalamenti signe une belle bande originale, puis la photo de Darius Khondji vient parachever cet univers glauque et cauchemardesque.
Quant au casting, il ne manque pas de talents ! En tête, le grand Ron Perlman qui laisse parler toute sa sensibilité et Judith Vittet dans le rôle de Miette, une enfant des rues relativement futée. Ce sont les deux seuls acteurs que je retiens, car ils jouent « vraiment » pour moi, avec une certaine justesse, au contraire du reste du casting, qui ne semble pas dirigés, notamment Daniel Emilfork dans le rôle du crispant Krank.
La Cité des Enfants Perdus – 17 Mai 1995 – Réalisés par Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet