Avec la sortie du 6e volet de la saga de la superstar Tom Cruise, il était évidemment temps de revenir sur le premier film Mission : Impossible, alors confié à Brian De Palma. C’était il y a 22 ans déjà et depuis, c’est culte !
Au milieu des années 90, Tom Cruise est au sommet de sa gloire. Avec ses derniers films, La Firme et Entretien avec un Vampire, il est un acteur maintenant reconnu, qui peut endosser n’importe quel rôle. Il fonde alors avec Paula Wagner sa propre société de production (avec un partenariat de distribution avec Paramount), ce qui va lui permettre de mettre en boite des films qui assureront son statut tout en lui apportant aussi un contrôle créatif (les deux allant de pair).
A la recherche d’une saga qui lui permettrait d’avoir un rôle récurrent et d’action à la James Bond, il acquiert les droit de la série télé Mission : Impossible. Mais il lui faut aussi un réalisateur pour mettre le film en scène. Après avoir abordé Syndey Pollack avec qui il a tourné la Firme mais qui décline, l’acteur-producteur se tourne alors vers Brian De Palma qui vient de connaitre une déconvenue au box-office avec l’excellent L’Impasse. Le réalisateur est partant et il faut dire qu’associer le nom de De Palma à l’espionnage coule tout de même de source quand on connait la filmographie hitcockienne et voyeuriste de l’auteur.
Brian De Palma revisite Mission : Impossible
Le réalisateur travaille donc l’histoire avec les 2 scénaristes les plus prisés du moment, David Koepp (Jurassic Park) et Steve Zaillian (la Liste de Schindler), mais l’histoire ne sera pas simple à monter, devant respecter à la fois l’esprit de la série culte dont il s’inspire tout en ayant en tête d’avoir la superstar Tom Cruise à mettre en avant. Le parti-pris du récit sera donc radical.
En effet, le premier acte du film est une déconstruction complète de la série qui se poursuivra tout au long du film. La mission d’ouverture voit donc De Palma utiliser les ressorts de la série à base d’inflitration, de gadgets et d’esprit d’équipe exploser en vol. L’équipe est complètement décimée et la mission n’était en fait qu’une chasse à la taupe. Seul Ethan Hunt est le survivant et il va devoir éclaircir ce complot pour être blanchit.
Trahir pour mieux respecter l’héritage
C’est le début de ce qui deviendra alors le leitmotiv de toute la saga. Hunt, régulièrement désavoué, devant mettre en lumière le complot du bad guy pour retrouver son honneur. Une permanente chasse à l’homme (le nom Hunt n’y est pas étranger et défini alors l’ADN de la saga) qui lui permettra la plupart du temps d’être tout de même bien entouré. Ici Il s’agira d’une équipe comportant Ving Rhames (seul acteur à être aux côtés de Cruise dans tous le épisodes) et 2 acteurs frenchies (Emmanuelle Béart et Jean Réno).
La menace sera quand à elle plus indiscible. Le but étant de récupérer un fichier des agents de l’IMF afin de révéler au grand jour le mystérieux « Max » qui souhaiterait le revendre. Mais un autre joueurs est sur le coup, Jim Phelps, le héros de la série originale qui se révèle ici être un traitre, passant alors d’office le flambeau à la tête flambée qu’est l’agent Ethan Hunt.
En plus d’être un parfait véhicule de promotion pour sa star seule en tête d’affiche, ce jeu du chat et de la souris, qui va de Prague jusqu’à l’Eurostar, est heureusement aussi l’occasion pour le réalisateur Brian De Palma d’apposer sa patte sur un divertissement grand public et de lui apporter une certaine exigeance. En effet, l’intrigue est une pure intrigue d’espionnage à la John LeCarré qui convoque certains poncifs de la série (les masques) qui sont ici mixés dans un blockbuster hollywoodien tout en ayant les tics de mise en scène typiques de De Palma, faits de faux semblants et de moments de pur suspense.
Cruise ou De Palma movie ?
C’est ainsi que le réalisateur propose une séquence centrale dont tout le monde parle encore aujourd’hui, celle des vols de fichiers dans une salle hyper sécurisée de la CIA. Tom Cruise suspendu à un filin et ne devant faire aucun bruit, le cable qui glisse, la goutte de sueur qui coule, l’employer qui peut débarquer à tout moment … bref un moment de suspense éreintant qui fait école et s’est vu décliné de bien des manières.
Mais il ne faudrait pas oublié d’autres séquences tout à fait réussi. De l’infiltration de Prague qui se passe mal, au final entre un hélicotpère et un train, sans oublier une discussion très tendue dans un restaurant ayant un grand aquarium. De nombreuses images restent ainsi en mémoire.
Divertissement réussi, un auteur qui arrive formidablement à y laisser sa patte, une star qui en ressort avec un nouveau rôle phare. Bref, Mission : Impossible est une première production bien accueillie par la critique pour Cruise producteur et met fin à la malédiction des mauvaises adaptations de séries TV. Un bon accueil qui sera aussi public avec un bon score au box office.
La suite, on la connait, Cruise continuera de faire évoluer la saga avec des réalisateurs différents. Une saga qui lui sert d’ailleurs aujourd’hui de tremplin pour se relancer régulièrement. En tant que producteur c’est aussi un succès qui lui permettra de monter d’autres films dont il ne sera pas forcément la vedette. Quand à De Palma, il poursuivra avec un film un peu miroir à celui-ci : Snake Eyes. Voilà donc comment Mission : Impossible est passé de série tv culte à une saga cinéma qui le sera également.