Le Cerveau (1969) de Gérard Oury

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après les incroyables succès historiques "Le Corniaud" (1964) et "La Grande Vadrouille" (1966) respectivement avec près de 12 millions et près de 18 millions d'entrées France, pour des budgets de 3,5 millions de francs et 14 millions (pour le second film français le plus cher de son époque), le réalisateur-scénariste Gérard Oury est devenu en deux films le maitre de la comédie à la française. De tels succès font que Oury obtient tout ce qu'il veut de son nouveau producteur, Alain Poiré de chez Gaumont. Ainsi, Oury obtient un budget pharaonique de 24 millions de francs pour pour lequel Gaumont va s'associer au nabab italien Dino De laurentiis et la Paramount. Ce dernier studio majeur hollywoodien va tout de même demander à ce que le film soit tourné en français et en anglais. Le cinéaste a l'idée de mêler deux évènements, l'un des casses du siècle avec l'attaque du train postal Glasgow-Londres de 1963 puis le déménagement de l'OTAN après que la France ait quitté l'organisation en 1966. Gérard Oury précise : "L'idée de base était d'intégrer deux nigauds dans un remake du vol du train postal fait par des spécialistes."... lors que le tournage devait se dérouler au printemps 1968, il a fallu attendre juillet pour éviter les risques encourus lors des évènements de Mai 1968. Une telle superproduction permet à Gérard Oury de voir les choses en grand, d'abord techniquement mais aussi du point de vue du casting. Le cinéaste co-écrit le scénario avec sa fille Danièle Thompson et Marcel Jullian reconstituant le trio de "La Grande Vadrouille".

Ils retrouvent déjà dans ses deux précédents films, mais cette fois il ne reforme pas son duo avec Louis De Funès. Son nouveau partenaire est la star Jean-Paul Belmondo, les deux acteurs avaient déjà joués ensemble dans "Un Drôle de Dimanche" (1958) de Marc Allégret. Mais surtout, Oury peut se permettre de toucher l'international avec deux stars hollywoodiennes, David Niven d'abord dont peut citer les films "Les Hauts de Hurlevent" (1939) de Wylliam Wyler, "Le Tour du Monde en 80 Jours" (1956) de Michael Anderson, "Les Canons de Navarone" (1961) de Jack Lee Thompson, "La Panthère Rose" (1963) de Blake Edwards et "Casino Royale" (1967) de John Huston dans lequel ila croisé un certain Belmondo d'ailleurs. Puis le génial Eli Wallach qu'on a vu dans "Baby Doll" (1956) de , "Les 7 Mercenaires" (1960) de John Sturges, "The Misfits" (1962) de John Huston et surtout "Le Bon, la Brute et le Truand" (1966) de Sergio Leone... En prime, la débutante Silvia Monti qui impose sa beauté notamment dans une scène mythique où elle descend d'un balcon en bikini sur la chanson "Cento Giorni" (1966) de Caterina Caselli. On reconnaitra quelques gueules du cinoche avec entre autres Robert Dalban, Jacques Balutin et Henri Genès. Outre le casting c'est ensuite sur les décors que Gérard Oury a vu grand en tournant dans plusieurs pays, Etats-Unis, France, Italie et Angleterre. Les moyens techniques restent impressionnants pour un film français avec un train blindé, location des voies de chemin de fer, hélicopter,Sans compter le paquebot France mobilisé au port du Havre pour les besoins du grand final ainsi qu'une réplique de la statue de la Liberté de plus de 13 mètres !...

Mais surtout, Oury s'offre toute une séquence en animation presque innovante qui permet au film une partition originale et moderne qui ajoute une valeur ajoutée non négligeable. D'abord il y a un partage équitable entre les quatre têtes d'affiche, autant en présence à l'écran qu'en importance dans le récit. Ca aurait pu faire forcé mais finalement c'est plutôt réjouissant. Les quatre acteurs sont excellents et, surtout, ce sont bel et bien David Niven et Eli Wallach qui semblent s'amuser le plus ! Le rythme soutenu tient la route grâce aussi à des gags nombreux et marrants. Outre quelques trouvailles cultissimes (la tête qui penche en tête de liste !) des scènes comme la carabine du mafieux dans le store, le gonflage-dégonflage dans la piscine, le téléphone filaire, la filature dans le bus... etc... sont particulièrement réussies et drôles. Si le succès est moins impressionnant que "Le Corniaud" et "La Grande Vadrouille" le film engrange tout de même plus de 5 millions d'entrées France ; ce qui ne manquera pas tout de même de décevoir les producteurs. Bourvil (qui sera marqué par le décès d'une jeune chauffeur sur le tournage) tourne là sont dernier films avec Gérard Oury puisqu'il décédera avant de pouvoir retrouver le cinéaste de de Funès sur "La Folie des Grandeurs" pour lequel il sera remplacé par Yves Montand. Belmondo lui retrouvera Oury une dernière fois pour "L'As des As" (1982) pour un autre énorme succès.

Note :

Pour info bonus, Note de mon fils de 9 ans :