Second long métrage de Haifaa Al Mansour connue pour être la première réalisatrice saoudienne avec le très réussi et remarqué (2012). Cette fois elle signe son premier film hollywoodien en langue anglaise et pas des moindres puisqu'il s'agit du biopic de Mary Wollstonecraft Godwin future Mary Shelley (tout savoir ICI !) romancière du mythique "Frankenstein ou le Prométhée moderne". Il semble que le projet ait plu à la cinéaste par le parallèle assez évident entre la cinéaste saoudienne (l'Arabie Saoudite n'étant pas connu pour son féminisme !) et l'auteur Mary Shelley en cette période victorienne où les femmes n'avaient pas leur mot à dire ou si difficilement. Enfin, passé d'une petite co-production d'Art et Essai germano-saoudienne "Wadjda" à une production d'une ampleur plus internationale ne semble pas avoir fait peur à la réalisatrice-co-scénariste comme elle l'explique : "Après avoir évolué dans des systèmes très rigides, où il faut faire attention aux sujets sensibles et à la façon dont on s'exprime, travailler sur un projet hors tout cadre normatif était une expérience libératrice."...
La cinéaste obtient un casting solide avec en tête d'affiche dans le rôle-titre la jeune Elle Fanning qui semble inconsciemment suivre une voie féministe après des films comme "20th Century Women" (2017) de Mike Mills et (2017) de Sofia Coppola. A ses côtés on a Douglas Booth révélé par "The Riot Club" (2014) de Lone Scherfig, Tom Sturridge déjà "littéraire" dans "Sur la Route" (2012) de Walter Salles, Bel Powley vue dans "Equals" (2016) de Drake Doremus et (2017) de Christopher Smith tandis que Stephen Dillane et Maisie Williams se retrouve sans avoir de scène commune après la série TV "Game of Thrones". Pour l'anecdote, Douglas Booth et Bel Powley sont en couple à la ville depuis le tournage du film en 2016... Le film s'attache à raconter la genèse du célèbre roman gothique, à savoir sur 4-5 ans les 15-20 ans de la jeune Mary qui va la mener jusqu'à la rédaction du roman qui fera d'elle une romancière majeure de la littérature. Le film est doté d'une jolie reconstitution et d'une photographie gothique qui préfigure ainsi l'oeuvre future. Le casting est plutôt bien vu même si les performances restent juste professionnelles. A l'image donc de la mise en scène qui aurait due et pue être bien plus inspirée. En effet, si Haifaa Al Mansour a déclaré avoir vécu "une expérience libératrice" il est alors dommage qu'on n'en voit rien à l'image, bien au contraire ! La cinéaste s'est engoncée dans le carcan du genre, un style très académique et très classique du biopic littéraire et, surtout, sans lyrisme ni romanesque.
D'un point de vie historique on a l'impression que le scénario a simplement résumé un fiche wikipédia en retirant malheureusement quelques évènements qui leur aurait semblé anodins alors qu'ils sont au contraire fondateurs de la femme auteur Mary Shelley, voir même modifiant sans vergogne quelques faits. Par exemple le film extrapôle facilement la vie de famille comme sur le déroulement réel des faits "amoureux" entre Percy et Mary, écourte et modifie le séjour chez Lord Byron, le pire étant l'interprétation douteuse des faits sur les raisons menant au suicide du médecin Polidori... Si Haifaa Al Mansour a su merveilleusement se faire une place avec un premier joli film audacieux cette fois elle ne transforme pas l'essai puisqu'elle a cette fois manqué complètement d'ambition et de créativité, sans compter des inexactitudes bien maladroites. Ce petit biopic, 01h55 pour un résumé très raccourci et sans âme, peut-être vu comme un premier pas ludique pour comprendre la genèse du célèbre "Frankenstein ou le Prométhée moderne" mais il est avant tout une approche caricatural et simpliste de la psychologie de Mary Shelley. Le film manque de souffle et de passion, et une fidélité plus neutre des faits historiques n'aurait pas été une sinécure. Dommage...
Note :