Hollywood a un peu trop tendance à nous sortir les mêmes recettes depuis quelques années. On est abreuvé de suites, de remakes, de reboots et autres adaptations venant de la bd ou des jeux vidéos. Et si de ce coté-là, on a l'impression de tourner en rond, dans le domaine des histoires vraies ce n'est pas le cas tant le filon semble sans fin. Un réservoir d'histoire aussi riches que variés, qui peut mettre en lumière des esprits brillants, des sportifs, des entrepreneurs, des scientifiques, des présidents ou des personnalités plus troubles. C'est ainsi que l'on a pu voir des films sur Steve Jobs, Joy Mangano, Jordan Belfort, Dorothy Vaughan, Katherine Johnson, Mary Jackson, Chris Kyle, Howard Hughes, Frank Abagnale Jr ou encore Amelia Earhart pour ne citer qu'eux ! Nous laissant parfois rêveur et admiratif, ou stupéfait devant les agissements d'un trader en roue libre.
Et c'est dans ce mélange subtil, entre attirance et répulsion que l'on trouve la vie de « Molly Bloom », une athlète qui se reconvertit en directrice de table de jeu, un univers masculin ou elle fera des étincelles ! Pour cela rien de tel que le scénariste de « The Social Network », l'illustre Aaron Sorkin, qui signe ici sa première réalisation.
« La prodigieuse histoire vraie d’une jeune femme surdouée devenue la reine d’un gigantesque empire du jeu clandestin à Hollywood ! En 2004, la jeune Molly Bloom débarque à Los Angeles. Simple assistante, elle épaule son patron qui réunit toutes les semaines des joueurs de poker autour de parties clandestines. Virée sans ménagement, elle décide de monter son propre cercle : la mise d’entrée sera de 250 000 $ ! Très vite, les stars hollywoodiennes, les millionnaires et les grands sportifs accourent. Le succès est immédiat et vertigineux. Acculée par les agents du FBI décidés à la faire tomber, menacée par la mafia russe décidée à faire main basse sur son activité, et harcelée par des célébrités inquiètes qu’elle ne les trahisse, Molly Bloom se retrouve prise entre tous les feux… »Au final je suis assez surpris du résultat ! Ce n'est certes pas un film exceptionnel, mais Aaron Sorkin se défend plutôt bien pour son premier essai. Il semble être conscient de ces atouts, dont un scénario de qualité, qu'il maximise au mieux, afin de palier au mieux son manque d'expérience dans la réalisation et ainsi nous raconter l'histoire étonnante de Molly Bloom.« Molly's Game » est l'adaptation éponyme du roman écrit par Molly Bloom ! Un roman dont le scénariste (Aaron Sorkin) se sert de base pour écrire son scénario. Et Il évite l'un des écueils numéro un lorsqu'on adapte un livre, c'est le superflu ! Il se concentre alors sur l'essentiel, son destin dans le monde du poker underground hollywoodien et newyorkais, ainsi que sur ces conséquences. C'est ainsi qu'il alterne les scènes entre Molly et son avocat avec des flashbacks concernant sa vie dans les tables de jeu. Des flashbacks toujours enclencher des que l'avocat s'empare du livre de Molly pour évoquer ce qu'elle raconte. Une manière comme une autre de nous ramener à la réalité et au plus près de Molly Bloom, tout comme le choix de commencer le film par son échec lors d'une compétition de qualification pour les Jeux d'Hivers de 2002. Deux éléments du scénario qui définissent à eux seul, ce qu'est Molly Bloom, une femme modelé par une éducation stricte et par les valeurs que le sport lui a inculquer, comme la rigueur, la ténacité, la combativité et la précision. Des qualités indispensables pour ne pas se laisser submerger par ce business assez lucratif, ou son seul tort aura été d'être trop humaine. Une humanité qu'elle laisse peu à peu transparaître, en défendant avec courage les données confidentielles qu'elle détient et qu'elle ne veut pas dévoiler, afin d'éviter de blesser des personnes, quitte à ce qu'elle soit condamnée !
Et c'est dans cette brillante écriture que l'on trouve toute l'émotion que ce film peut nous transmettre ! Les doutes d'une jeune femme sur sa vie et ses choix, la douce euphorie qui s'empare d'elle quand elle ouvre sa propre table de jeu, la conviction face à un juge fédéral, ou encore l'adrénaline des innombrables partis de poker que l'on regarde. Une histoire qu'Aaron Sorkin met en scène de manière relativement simple, on est loin d'avoir une once d'excentricité ou de créativité. L'accent est mis avant tout sur les personnages, avec des cadrages serrés, pour capter au mieux les émotions, exacerbés par des dialogues mordants et l'élégante photographie de Charlotte Bruus Christensen. Si on voit très vite comment le récit va se structurer, le film est malgré tout plutôt bien monté , les dialogues qui sont à eux seuls des moments de bravoures intenses ne manquent pas de punch et les parties de poker retiennent aisément notre attention.
Quant au casting il est vraiment sensationnel ! Les seconds se débrouillent plutôt bien, meme si par exemple la storyline du père de Molly interprété par Kevin Costner arrive comme un cheveu sur la soupe. Malgré tout la présence de l'acteur et son charisme compense çà. Ensuite on trouve Michael Cera dans le rôle du joueur X, un amalgame de plusieurs personnalités, dont un certain Tobey Maguire qui se révèle aussi charmant que parfaitement détestable ou encore Jeremy Strong, l'un des premiers patrons de Molly, aussi irascible que colérique. Idris Elba campe l'avocat de Molly. Un personnage relativement méfiant au départ mais qui se laisse convaincre par l'honnêteté de sa cliente. Un avocat auquel Idris Elba apporte sa présence, sa force et son charme, un rôle de poids pour un acteur talentueux. Molly Bloom est interprétée par Jessica Chastain, qui trouve selon moi son meilleur rôle depuis « Crimson Peak » ! Un rôle exigeant, dans lequel l'actrice peut entièrement s'exprimer. Elle joue de façon subtile, avec beaucoup de tact, laissant ces doutes effleurés cette carapace qu'elle s'est construit, pour ensuite laisser parler la combattante qui est en elle, avec énormément de justesse.
Molly's Game – 3 Janvier 2018 – Réalisé par Aaron Sorkin