Amour

AmourAmore... A mort
J’ai tourné 6 ans autour de ce film repoussant à maintes reprises son visionnage.Au vu des ingrédients (Haneke aux manettes ; le couple Riva/Trintignant devant la caméra ; la Palme d’or obtenu en 2012) ; « Amour » est un incontournable pour les cinéphiles. Mais bon, se confronter à un sujet aussi dur que la fin de vie dans une mise en scène talentueuse mais chirurgicale dont Haneke a le secret ; faut avoir envie et surtout le cœur bien accroché. On sait d’avance que les thématiques dont l’auteur est friand vont rajouter à la dureté du propos : les individus face à des événements qui les brise jusqu’au gâchis de leurs propres existences. Dis comme çà, çà ne fait pas rêver. Là il rompt avec sa tendance à égratigner sévèrement le vernis social hypocrite pour se concentrer sur un drame ordinaire ; tout autant destructeur mais intimiste. Et ça marche ; dès les premières minutes les pièces du puzzle sont en place et on est happé par cette histoire difficile d’octogénaires dont l’un épaule l’autrejusqu’à la fin dans un huis clos aux couleurs ternes. De partout ça sent le sapin. Happé oui, mais sidéré et sans voix tout au long du film. Pas de fanfreluches ni d’effets de manches, mais le courage d’aborder frontalement un sujet tabou sans provocation. Haneke n’est pas dans la demi-mesure tout en restant nuancé et sensible. Souvent taxé de pervers, il montre la fin de vie comme peu l’ont montrée alors ; dégraissée de toute considération religieuse. Prosaïque, athée et laïque : la mort est regardée droit dans les yeux. Haneke souhaite que les images de ses films restent ancrées longtemps sur nos rétines ; gagné, on est grogui et pantois au terme de ces 2h10. Conscient d’avoir vécu une expérience hors du commun mais souhaitant s’éloigner au plus vite de ce film mortifère. Soyez donc bien armés avant de l’affronter. Pour mon compte personnel, je ne pense pas le revisionner un jour ; mais paradoxalement je le recommande fortement… Expérience très éprouvante.
Sorti en 2012
Ma note: 20/20