Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « David et Bethsabée » de Henry King.
« David, tu n’as jamais aimé personne d’autre que toi »
Bien qu’il ait terrassé Goliath et remporté d’innombrables batailles, il est une seule force que le Roi David ne peut vaincre : l’amour. Fou amoureux de la superbe Bethsabée, David envoie son époux mercenaire dans une bataille sans espoir, scellant ainsi le début de sa déchéance. Négligeant son royaume et sa foi, David subit la colère de Dieu, la destruction de son pays et la malveillance de son peuple, qui espère que Bethsabée paie le prix fort pour son adultère.
« Lorsque je t’ai vu ce soir du haut de ma terrasse, j’ai compris que chaque minute passée loin de toi était une minute perdue »
Un temps en vogue dès l’ère du cinéma muet, le péplum disparait des écrans au cours des années 30 jusqu’à connaitre un retour de flamme à la fin des années 40 jusqu’au début des années 60, culminant avec les monumentales et fastueuses fresques de « Ben-Hur » et de « Spartacus ». Un retour en grâce dû au réalisateur Cecil B. DeMille, déjà auteur de plusieurs péplums bibliques dans les années 20 et dont le « Samson et Dalila » permet en 1949 à la Paramount de connaitre un lucratif succès surprise. De quoi attirer l’attention des autres studios, bien décidés à répondre à la demande du public. Dans la foulée de la MGM qui se lance dans la production de « Quo Vadis », la Fox commande à son tour au scénariste Phillip Dunne un péplum que réalisera Henry King, grande figure du studio et spécialiste des films d’aventures en costumes (« Capitaine de Castille », « Échec à Borgia »...). Un projet qui donnera lieu en 1951 au film « David et Bethsabée », libre évocation du Roi David, grande figure biblique et fondateur du Royaume israélite.
« Le Roi oublie qu’il est aussi un serviteur de l’Éternel »
Mais contre toute attente, le cinéaste concentre son intrigue sur les amours tourmentées de David et surtout sur sa relation adultère avec la belle Bethsabée, par ailleurs l’épouse de l’un de ses plus glorieux lieutenants. Les grands faits de gloire de David, et notamment son fameux duel contre le géant Goliath, étant ici relégués au second plan et ne donnant lieu qu’à de courts flashbacks. Sous ses abords de mélodrames flamboyant, « David et Bethsabée » est ainsi avant tout un drame moral minimaliste, aussi sobre qu’inattendu. Une sorte de réflexion sur l’exercice du pouvoir et ses effets corrupteurs. La véritable question qui hante ici le récit porte sur la légitimité du pouvoir de David, alors contesté en tant que souverain par une partie de son peuple. Un pouvoir fragilisé par sa relation adultère interdite avec Bethsabée, qui le pousse, pour la sauver, à oublier l’intérêt collectif (comme lorsqu’il envoie le mari de Bethsabée mener un combat où l’attend une mort certaine). Or, comment pouvoir incarner l’autorité politique et morale quand on ne respecte pas soi-même la loi des hommes ? Le plus étonnant, c’est que si la rédemption du héros passera par la religion, celle-ci est présentée de façon très critique, telle un objet d’asservissement (une justification pour le massacre des Philistins) et d’oppression (la lapidation des femmes adultères). Il en ressort un film singulier, à la réalisation parfaitement maitrisée (le souvenir traumatisant d’une bataille simplement évoqué par des effets sonores) et à l’interprétation magistrale (Gregory Peck très sobre, Susan Hayward incandescente). Tout juste lui reprochera-t-on sa forme un peu trop bavarde et statique, qui lui donne un aspect un peu (trop ?) daté.
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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée en Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0).
Côté bonus, le film est accompagné de « David, le roi qui aimait les femmes » (43 min.), analyse du film par Frédéric Albert Levy.
Edité par ESC Editions, « David et Bethsabée » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 26 juin 2018.