La star Alain Delon a aussi été réalisateur, également producteur et même parfois scénariste et dialoguiste. Son premier film entant que réalisateur a été "Les Granges Brûlées" (1973), une première expérience qui le poussa à explorer l'autre côté caméra en tant que scénariste et producteur jusqu'à signer "Pour la Peau d'un Flic" avec les postes de co-scénariste et co-producteur. Delon co-signe le scénario avec Christopher Frank scénariste-dialoguiste ayant débuté entre autres avec "L'Important c'est d'aimer" (1975) de Andrzej Zulawski et qui a déjà travaillé avec Delon sur "L'Homme Pressé" (1976) de Edouard Molinaro, "Attention les Enfants regardent" (1978) de Serge Leroy et "Trois Hommes à Abattre" (1980) de Jacques Deray... L'acteur-réalisateur-scénariste-producteur adapte ici le roman "Que d'Os" (1976) de Jean-Patrick Manchette, auteur déjà adapté par le duo Delon-Frank avec "Trois Hommes à Abattre". Cette fois on suit un ex-flic devenu détective privé qui se retrouve au sein d'une enquête où il s'avère manipulé. Outre le rôle principal évidemment dévolu à Delon lui-même, l'acteur est entouré de Anne Parillaud qui n'est pas encore "Nikita" (1990) de Luc Besson mais qui en profite pour une vivre une histoire d'amour avec la star. On note également quelques seconds rôles connus comme Michel Auclair et Daniel Ceccaldi.
Au début on plonge dans une enquête à la Mike Hammer ou à la Philip Marlowe mais très vite en fait on s'aperçoit que Delon veut avant tout faire du Belmondo, ou du moins se refaire face à Belmondo. En effet, les deux stars ont toujours vécu une carrière en parallèle et tandis que Bebel cartonne encore au box-office Delon est distancié depuis déjà quelques années. Il suffit de voir Delon en tenue "cool" jean basket avec un pistolet dans la ceinture pour penser à Bebel dans "Peur sur la Ville" (1975) de Henri Verneuil, "Flic ou Voyou" (1979) ou surtout "Le Professionnel" (1981) tous deux de Georges Lautner, ce dernier fera d'ailleurs plus de deux fois le score au box-office de Delon avec son film ! Il semble que cette fois Delon veuille concurrencer son ami sur son domaine... Action à la Bebel mais on décèle aussi une pointe d'autodérision, il est loin le temps de l'implacable "Le Samouraï" (1967) de Jean-Pierre Melville... Au final ça aurait pu la faire, notamment grâce à une intrigue plutôt bien ficelée et un rythme de croisière qui ne laisse pas le temps de s'ennuyer. En prime Delon reste Delon. Outre quelques faux raccords (surtout lors de la course poursuite) malheureusement Delon se focalise beaucoup trop sur lui, autant dans le fond que dans la forme. Il est de tous les plans et en profite pour séduire sa jeune partenaire (à l'écran comme à la ville !) jouée par Anne Parillaud.
Cette dernière est bien mignonne mais à contrario elle se voit offrir un vrai rôle de cruche, bien que nous apprécierons sa cinéphilie (dont un clin d'oeil savoureux à Bebel). La pauvre se voit d'ailleurs offrir une des séquences les plus râtées du film où on pourra l'entendre sire : "Dis à ton pote que ce qui me gêne c'est pas de voir mon cul, mais c'est d'être attachée à ce putain de lit."... Pour l'anecdote, Delon offre également un caméo clin d'oeil à sa compagne Mireille Darc vis à vis de son surnom dû au film "La Grande Sauterelle" (1966) de Georges Lautner, alors même que Delon allait la quitter bientôt pour la plus jeune Anne Parillaud... Mais le pire, bien qu'apparemment un simple détail, reste sans doute la BO dont la chanson à succès "Bensonhurst blues" de Oscar Benton qui revient toutes les cinq minutes alors même qu'elle semble complètement hors sujet, hors genre, inadéquate et à force, agaçante tant elle semble si peu à sa place. En conclusion un polar qui reste efficace et sympathique si on y regarde pas de trop près, mais sinon bancal et particulièrement maladroit. Cependant, le film sera un petit succès à plus de 2,3 millions d'entrées France ce qui permettra à Alain Delon de reprendre la quasi même équipe pour une ultime et dernière fois derrière la caméra avec "Le Battant" (1983).
Note :