Mektoub my love: canto uno

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Pathé ainsi qu’à l’Agence Cartel pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Mektoub my love : Canto uno » de Abdellatif Kechiche.

« On se lasse de tout par habitude »

Sète, 1994. Amin, apprenti scénariste installé à Paris, retourne un été dans sa ville natale, pour retrouver famille et amis d’enfance. Accompagné de son cousin Tony et de sa meilleure amie Ophélie, Amin passe son temps entre le restaurant de spécialités tunisiennes tenu par ses parents, les bars de quartier, et la plage fréquentée par les filles en vacances. Fasciné par les nombreuses figures féminines qui l’entourent, Amin reste en retrait et contemple ces sirènes de l’été, contrairement à son cousin qui se jette dans l’ivresse des corps. Mais quand vient le temps d’aimer, seul le destin - le mektoub - peut décider.

« Il y a une tradition avant le mariage : il faut commettre un péché »

Après une discrète première carrière de comédien (on se souvient l’avoir croisé dans « Les innocents » de Téchiné en 1987), Abdellatif Kechiche amorce un virage dans sa carrière à la fin des années 90 en se tournant vers l’écriture de scénario et la réalisation. Son premier film, « La faute à Voltaire », sort en 2000 et impose d’emblée un style naturaliste et une appétence pour les thèmes sociaux que l’on retrouvera par la suite dans « L’esquive » (2004, Césars du Meilleur film et du Meilleur réalisateur) et dans « La graine et le mulet » (2007, Césars du Meilleur film et du Meilleur réalisateur, Grand prix du Jury du Festival de Venise). Après l’échec de « Vénus noire » (2010), il revient au premier plan avec « La vie d’Adèle » dont le triomphe à Cannes (Palme d’or) sera suivi de nombreuses polémiques. Cinq ans plus tard, il revient aux affaires avec « Mektoub my love : Canto uno », libre adaptation du roman « La blessure, la vraie » de François Bégaudeau et premier volet de son diptyque « Mektoub is mektoub » dont le deuxième volet, déjà tourné, devrait sortir dans les prochains mois.

« Qu’est-ce que vous avez à vouloir vous marier ? Surtout si c’est pour divorcer juste après ! »

Avec « Mektoub my love : canto uno », Kechiche signe une chronique estivale de la jeunesse. Un sous-genre du cinéma français qui a donné lieu à quelques sommets du genre, comme « A nous les petites anglaises » (Michel Lang, 1975) ou encore « Conte d’été » (Eric Rohmer, 1996). Reprenant peu ou prou le décor de « La graine et le mulet » (la ville de Sète, une famille de restaurateurs tunisiens), il filme l’été du jeune Amin, sorte de double fictionnel du réalisateur (passionné de photo et de cinéma), de retour dans sa famille pour les vacances après une année d’études à Paris. Il y retrouvera une petite communauté constituée de cousins et d’amis, bien décidés à profiter du soleil et de la fête. Mais pour Kechiche, l’été est également une parenthèse propice aux passions (sentimentales et artistiques) et à l’éveil des corps. Il filme ainsi, sans pudeur et sans doute mieux que personne d’autre, le langage des corps qui dansent, qui se cherchent, se frôlent et se rapprochent, dans un ballet qui résonne comme une ode à la sensualité. Et même si au fond il ne se pas énormément de choses pendant les trois heures que durent son film (Kechiche étire un peu inutilement certaines séquences comme par exemple celle de la naissance de l’agneau), on suit les aventures de ces personnages avec un réel plaisir et sans voir le temps passer. Au meilleur de son cinéma, le cinéaste signe là un film solaire dont on a hâte de voir la suite.   

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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (5.1) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles. Aucun bonus ne vient compléter cette édition.

Edité par Pathé, « Mektoub my love : Canto uno » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 25 juillet 2018.

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