LE SAMOURAI DU CREPUSCULEde Yoji Yamada
Avant de commencer à vous parler de ce petit bijou qui est tombé presque par hasard sous nos yeux, merci au key maker du blog pour l'avoir déniché, je dois vous parler de manière un peu plus appuyée que pour d'autres films des pères de ce long métrage. Yoji Yamada a une carrière très particulière entre 1969 et 1995, il a réalisé quarante-cinq films d'une série qui en compte quarante- huit sur un marchant ambulant malheureux en amour. Et en 2002 sort le premier opus de la trilogie des samouraï, «Tasogare Seibei», dont le titre français est «le samouraï du crépuscule», puis viendront «la servante et le samouraï» en 2004, «amour et honneur» en 2006. la particularité de cette trilogie est qu'elle s'appuie sur les romans de Shuhei Fujisawa, écrivain qui se focalisait sur le coté humain de ses personnages; au travers desquels le lecteur arrivait à appréhender de manière plus réaliste l'Histoire, la culture japonaise. Et c'est totalement le sentiment qui naît de la vision de ce long métrage.
Ce film a levé une question chez nous: Jidaigeki, ou pas?
Si pour vous un jidageiki est avant tout un film japonais historique en costumes. C'en est un, et avec un travail extraordinaire. Les costumes sont incroyables, les kimonos sont tantôt usés et fanés par le temps tantôt sublimes et somptueux. leurs états traversent l'écran et nous parlent de la douleur et de l'état de ceux qui les portent. Mais aussi de la déconnexion de la réalité de la vie et de son coût pour certains d'entre eux. Les décors sont précis et prouvent les recherches qui ont été faites en amont. La maison de seibei où nous sommes le plus présent est d'une réalité telle qu'on croit l'avoir visitée. Le tout est filmé avec délicatesse et finesse. Si l'histoire nous est contée par la plus jeune des filles de Seibei, Ito. L'histoire n'est pas composée de flash-back mal goupillés ou autres. Tout est dit simplement et montré par la réalisation de la même manière. Les plans Un petit miracle où le montage très intelligent joue pour beaucoup. Il est symptomatique également de la volonté du réalisateur de témoigner de la réalité du mode de vie de l'époque.
Et c'est là que se pose la question d’être ou pas dans les critères du jidaigeiki pour moi.
D'abord à cause de l'époque, si ce film comme tout jidaigeiki se situe dans l'ère Edo qui se se déroula entre 1603 et 1868, c'est à son extrême fin à la veille de la restauration Meiji que se situe l'action. On est à la fin de l'ère des samouraï. Et la philosophie est en train de changer, et par conséquent la manière de penser aussi. Seibi est un homme tees ouvert aux changements, il encourage ses filles à étudier Confucius, il ignore le culte du fils, de l'héritier, ses filles sont la plus grande de ses richesses. Le divorce d'une femme battue par son alcoolique de mari samouraï, lui paraît normal et il se battra pour elle. De nombreuses choses font de lui un homme d'une autre époque que celle où il évolue.
Sur ce film j'ai lu que c'était un miroir tendu à la société japonaise contemporaine. Que les dilemmes auxquels est confronté Seibei se marier, être ambitieux, être écrasé ou pas par sa charge étaient les mêmes questions que se posaient aujourd'hui les japonais. Mais voyons plus loin, ces questions à différents degrés sont celles auxquelles on est tous confrontés. Et il est intéressant de s'apercevoir qu'à l'instar du héros de ce film. Si on ne fait pas les mêmes choix que ceux qui ont pris ma mime voie que nous on nous juge, et dans ce cas on décide qu'il est malheureux.
Ce film est extraordinaire par sa richesse, par son humanité, et par les sentiments qu'il fait naître. Il est bien plus qu'une histoire racontée. Il est une lueur qui nous fait réfléchir. Et par conséquent il me semble inévitable de découvrir très rapidement les deux autres opus de cette trilogie.