Frères ennemis suit les destins liés de Driss (Reda Kateb), policier à la brigade des stupéfiants, et Manuel (Matthias Schoenaerts), petit trafiquant, en train de mettre sur pied un important deal de haschich et de cocaïne pour son associé, Imrane (Adel Benchérif). Driss, Manuel et Imrane sont amis d’enfance. Ils ont grandi dans la même cité de banlieue. Leurs chemins ont divergé quand Driss a choisi de servir l’ordre et que Manuel et Imrane ont opté pour la délinquance. Pourtant, leurs routes se croisent à nouveau quand le deal tourne mal. Imrane est abattu par deux tueurs et Manuel parvient à en réchapper. Pour sauver sa peau et venger son partenaire, il part à la recherche des deux tireurs. De son côté, Driss se lance aussi sur les traces des tueurs, se sentant coupable du destin tragique d’Imrane, car il l’avait forcé à arranger ce deal afin de coincer de gros bonnets du milieu.
Les deux enquêtes sont amenées à se croiser, forçant les deux hommes à se retrouver et à régler leurs comptes…
La trame est vue et revue, mais l’idée de faire de Driss un flic d’origine maghrébine, issu d’une cité de banlieue et considéré comme un “traître” par ses anciens amis était plutôt intéressante. Malheureusement, David Oelhoffen ne fait qu’effleurer son sujet, limitant les enjeux à la relation entre Driss, Manuel et Mounia (Sarina Ouazani), la femme d’Imrane. On aurait aimé que le personnage soit tiraillé entre son ancienne et sa nouvelle vie, qu’il soit poussé dans ses derniers retranchements, obligé de choisir entre son passé et ses convictions de policier, qu’il ne soit plus vraiment à sa place ni dans sa brigade de police, ni dans la cité, qu’il soit question de préjugés racistes ou religieux, de mépris de classe… Finalement, Driss n’est dépeint comme rien d’autre qu’un brave flic embêté d’avoir impliqué ses vieux copains dans un traquenard raté…
Frères ennemis ne tient pas ses promesses, hélas, et s’avère donc assez décevant par rapport aux attentes. Néanmoins, il faut bien avouer qu’on ne passe pas un mauvais moment devant ce polar esthétiquement soigné, très bien rythmé et porté par des acteurs impeccables, Reda Kateb et Matthias Schoenaerts en tête. Une sélection hors-compétition, ou dans une section parallèle, aurait sans doute mieux convenu à ce petit film assez anecdotique et vite oubliable. Certes, c’est beaucoup mieux que The Mountain et moins ennuyeux que Peterloo, mais on attend mieux d’un long-métrage présenté à la Mostra de Venise.
Images : copyright David Oelhoffen – Fournies par la Biennale de Venise