On l’avait loupé au cinéma, mais il aurait tout de même été dommage de passer à côté d’un nouveau film de Hirokazu Kore-Eda. Heureusement, The Third Murdervient de sortir en vidéo. Une bonne occasion de le rattraper.
La famille. C’est le thème récurrent de la filmographie de Hirokazu Kore-Eda. Une étude de la famille japonaise, de ses failles, de son quotidien, de ses miracles, de sa tendresse. Récompensé par un prix du jury avec Tel Père, Tel Fils, il sera reparti cette année avec la Palme pour Une Affaire de Famille qui sortira le 12 décembre.
Entre ces deux récompenses sur la côté d’Azur, il ne s’est pas reposé, proposant tour à tour Notre petite soeur et Après la tempète. Et donc the Third Murder qui vient de sortir en vidéo. Et justement, pour ce dernier, il change de genre en plongeant dans un thriller judiciaire.
L’avocat Shigemori est chargé de défendre Misumi, accusé de vol et d’assassinat. Les chances de gagner ce procès sont minces étant donné que Misumi a avoué son crime, malgré la peine de mort qui l’attend s’il est condamné. Pourtant, tout au long de l’enquête et des personnes rencontrées, le cas n’est pas si simple et nombre de zones d’ombre pourrait tout remettre en perspective, d’autant plus que le récit de Misumi a tendance à changer au fil des rencontres.
Hirokazu Kore-Eda laisse donc tomber, en apparence, la thématique familiale pour plonger dans cette enquête judiciaire. On se dit alors qu’il tente de s’attaquer à un nouveau genre, de faire évoluer son cinéma. Et pourtant sa patte est toujours aussi perceptible. Car c’est avec une vraie délicatesse qu’il va s’intéresser à ces personnages et aux répercussion de l’enquête et des révélations sur leur vie.
En effet, là où de nombreux réalisateurs seraient allé directement dans l’enquête de manière brute en cherchant à entretenir le suspense tout en entretenenant une atmosphère noire et asphyxiante, Kore-Eda y va tout en finesse et avec précaution, même pour révéler le trauma d’une jeune fille violée par son père. On retrouve alors toujours cette emphase sur la famille, à la fois celle de la victime, mais aussi et surtout celle de l’avocat qui semble abandonnée.
Cela donne alors un film singulier pour son genre et surtout un nouveau drame grandement réussit pour le réalisateur japonais. On a maintenant hâte de voir sa palme d’or.