Pour marquer les plus de 30 ans de l’arrivée de Pinhead, un beau coffret vient de sortir, regroupant les 3 premiers volets de la saga Hellraiser de Clive Barker avec pléthore de bonus sanglants ! Voilà donc de quoi passer une bonne soirée d’horreur et de souffrance !
Au milieu des années 80, Clive Barker débarque dans le monde de l’horreur littéraire et dynamite le genre avec son esprit complètement barré. La chair et la transgression font partie de ses thèmes favoris. Et ne se contentant pas seulement de l’écriture, il va explorer cela également à travers le dessin, la peinture et le cinéma. C’est ainsi qu’en 1987 il adapte directement son livre Hellraiser sorti un an avant en film. La naissance du mythe est là !
Hellraiser – Le Pacte
L’auteur n’y connait rien en cinéma mais il va savoir s’entourer pour réaliser son premier film. Sur le sol anglais, avec peu de moyen mais beaucoup de liberté et d’imagination, il va donc mettre en scène son histoire d’amour transgressive, tragique et macabre. Car le premier Hellraiser est finalement un film intimiste sur les problèmes de couples.
Le principe est le même que dans beaucoup de films d’horreur. Une famille emménage dans la maison d’un oncle décédé quelques temps auparavant. Le hic, c’est que la mère, Julia, a eu une aventure avec cet oncle. Et que celui-ci s’est aventuré dans une dimension SM faite de torture et de plaisirs. Un concours de circonstance va le voir revenir d’entre les morts. Julia va donc devoir tuer des hommes pour nourir son ancien amant et celui-ci va craquer pour sa nièce Kirsty. Un point de départ très vite transgressé pour toucher à tous les tabous de la vie de couple.
C’est en cela que le film est intéressant. Il est un détournement de la sphère familiale traité avec un sérieux imperturbable qui en fait un véritable film d’horreur et dont l’irruption des cénobites menés par Pinhead est finalement assez anecdotique ne fait qu’apporter une touche mystique sans perturber le message du film.
Ajoutez à cela des effets visuels assez élaborés avec ce qu’il faut d’organique pour sentir la chair s’animer. La séquence de résurrection de Franck est à ce titre particulièrement marquante. L’atmosphère nous surprend et nous entraîne petit à petit dans l’enfer de la chair dans tous les sens possible et c’est aussi déroutant que fascinant. En ce sens on comprend bien la fascination qu’a développé Clive Barker pour sn sujet. Et le design des cénobites ne fera que donner plus de prestance au film (la partition de Christopher Young y est aussi pour quelque chose), logiquement passé à la postérité.
Hellraiser II – Les Ecorchés
Mais dès cette suite, les choses commencent à se gâter. Les Ecorchés est un film un peu malade. D’un côté Clive Barker suivra la production de très loin (il est en train de préparer son adaptation de Cabal qui sera un enfer de production), de l’autre, le scénariste et le réalisateurs commencent leur tournage sans scénario abouti. Il en résulte donc un film bancal.
L’histoire se déroule peu de temps après le premier volet avec Kristy internée dans un hôpital psychiatrique. Le responsable, le Dr Channard n’est pas très net et réussi sans s’y attendre à ressuciter Julia. C’est le début d’une nouvelle porte ouverte vers le monde des enfers. Il y a alors d’un côté la passionnante histoire liée à Julia et sa saignante résurrection, et de l’autre Kristy qui va explorer les enfers d’où viennent les cénobites. L’occasion d’en savoir un peu plus sur cette mythologie.
Mais ne sachant pas trop où aller, le film enchaîne les allers-retours sans aucun sens, se disperse régulièrement et alterne les vision d’horreur géniales (la résurection de Julia) avec d’autres qui sont d’un mauvais goût certain (le Dr Channard attaché au bout d’un penis géant). Finalement les cénobites et Pinhead n’auront là aussi pas encore un rôle principal, ce qui est frustrant quand on voit le charisme qu’ils peuvent dégager.
Hellraiser III
Mais ce n’est rien à côté d’un 3e volet dont Clive Barker est encore plus éloigné (il ne fait que prêter son nom pour l’affiche du film). Cette fois, un gérant de discothèque qui enchaîne (au sens figuré) les conquètes, va permettre la résurrection de Pinhead dans notre monde. Il va alors déchaîner les enfers, enfin !
Le film n’a plus grand chose à voir avec Kristy et Julia et en profiter pour aller dans une nouvelle direction avec une nouvelle protagisniste prinicpale, une journaliste dont le passé sert plutôt bien le récit. D’un autre côté la présence importante de Pinhead permet enfin de développer ses motivations macabres et de nous réjouir en scènes gores lors du massacre de la discothèque.
Plus on avance dans le film, plus le ton sérieux des début de la saga se perd pour le simple plaisir du trash et des bons mots de Pinhead qui est peut-être le seul à ressortir grandit de cette aventure. Car les nouveaux cénobites créés pour l’occasion sont plutôt ridicule mais bien dans l’esprit du début des 90’s. Signe que la saga vit et souffre de son temps qui ne l’épargne pas avec le recul. Allant plus dans le spectaculaire et le gore le film possède quelques idées sympathiques et/ou horrible et n’oublie pas la spécificité sexuelle de la saga mais signe bien le début de la décadence de Hellraiser.
Bonus – Leviathan
Si tous les films ne sont pas égaux et vont en déclinant, les bonus du coffret sont quand à eux particulièrement riches ! En effet, un 4e disque regroupe le grand documentaire de 4h Leviathan consacré aux 3 films et regroupant autant d’images de tournage que d’interviews contemporaines des acteurs, réalisateurs, scénaristes, compositeurs de la saga qui reviennent avec beaucoup de recul sur leur experience.
C’est très riche d’informations sur la conception pas toujours facile de ces films. Mais ça permet aussi de mieux comprendre l’esprit de Clive Barker et la portée de Hellraiser, son originalité dans le cinéma d’horreur des années 80/90.
En plus de cet énorme documentaire, on retrouve aussi de nombreux entretiens et makings d’époque mais aussi de plus récents des acteurs et réalisateurs sur chaque film. Ainsi que des entretiens de spécialistes français de l’horreur (dont Julien Maury, réalisateur de A l’Intérieur) qui reviennent sur la portée des film. Et Clive Barker a aussi son mot à dire, notamment en commentaire audio du premier film.
Tout cela contribue donc de faire de ce coffret une édition assez définitive des 3 premiers films de la saga Hellraiser et un indispensable pour tout fan de cinéma d’horreur !