Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Uranus » de Claude Berri, dans le cadre de la sortie du coffret intégral qui lui est consacré.
« A en croire les journaux, il n’y a que des résistants. Mais la vérité c’est qu’il y en a un bon nombre qui ont tourné leur veste à la libération ! »
Printemps 1945. Une petite ville de province est détruite par les bombardements. Tout le monde devrait se réjouir que la guerre soit enfin terminée mais entre les communistes et les « collabos » la paix a bien du mal à s’installer. La tension monte lorsque la communauté apprend que Maxime Loin, auteur d’articles pro-hitlériens pendant l’Occupation, est revenu et se cache quelque part dans la ville…
« Rien n’est mauvais dans l’Homme »
Durant prés de vingt ans, le cinéma de Claude Berri est synonyme de légèreté, peuplé de tendres comédies aux accents autobiographiques (« Le pistonné », « Le cinéma de papa », « La première fois ») et de comédies de mœurs (« Le mâle du siècle », « Sex shop », « Un moment d'égarement », « Le maitre d'école »). Mais à partir des années 80, Berri délaisse la comédie pour des thématiques plus sombres (« Tchao pantin ») qui annoncent ses grandes adaptations littéraires. Après le diptyque « Jean de Florette » et « Manon des sources » d'après Pagnol et avant « Germinal » d'après Zola, il se frotte en 1990 à l'œuvre de Marcel Aymé dont il adapte le roman « Uranus », troisième volet (après « Travelingue » et « Le chemin des écoliers ») de la saga que l'auteur a consacré à l’évolution de la société française d’avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale.
« Dans l’horreur, toutes les idées se valent »
Comme son nom de l’indique pas, « Uranus » est un portrait acide de la France de 1945, au lendemain de la libération. Une chronique sociale prenant pour décor une petite ville de province dans laquelle les ennemis d’hier - collaborateurs et résistants - doivent réapprendre à cohabiter et vivre ensemble. Mais après cinq années de souffrance, l’heure est aux règlements de compte et à l’épuration. Chacun devant faire son examen de conscience. L’occasion pour le cinéaste - comme pour l’auteur du roman - de s’interroger sur le sens de l’Histoire dans une France idéologiquement très divisée (faut-il liquider les collaborateurs ?) et de croquer une galerie de portraits assez peu flatteurs de ces français moyens, du collaborateur sans remord au communiste zélé dénonçant ses voisins à tour de bras en passant par l’affairiste cynique qui s’est honteusement enrichi de ses trafics avec l’occupant, au point de devenir le notable local craint de tous. Seuls deux personnages semblent se démarquer du lot par leur détachement et leur relative placidité : un vieux professeur sage et optimiste, ainsi que le tavernier du village, alcoolique et maladroitement épris de poésie. Mais même les amoureux des belles lettres ne seront pas épargnés par le destin. Dans un discours parfois troublant et parfois dérangeant (les états d’âme des personnages vis-à-vis d’un ancien milicien et auteur d’articles pronazis rappellent les prises de position controversées de Marcel Aymé qui fut un ardent défenseur de Raymond Brasillach), « Uranus » dénonce pêle-mêle la lâcheté des masses silencieuses et une épuration injuste qui, loin de toute considération idéologique, aura surtout conforté le pouvoir des puissants au détriment des plus faibles. Claude Berri signe là un film historique acerbe et facétieux, porté par un casting quatre étoiles (Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle, Michel Blanc, Fabrice Luchini, Michel Galabru, Danièle Lebrun...) dominé par un immense Gérard Depardieu.
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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée, en version originale française (5.1 et 2.0). Aucun bonus spécifique n’est présent sur le disque.
Edité par Pathé, « Uranus » est disponible en DVD ainsi qu'en blu-ray au sein du coffret intégrale des 21 films de Claude Berri, disponible depuis le 3 octobre 2018, qui compte également deux DVD de suppléments.
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