4ème long métrage pour la réalisatrice Josiane Balasko qui enchaine après avoir été elle-même dans la comédie de son ex-acolyte du Splendid, "Grosse Fatigue" (1995) de et avec Michel Blanc. Balasko accumule les postes de réalisateur-co-scénariste et actrice pour cette histoire qui ne manque ni d'audace ni d'acuité. Un film vendu comme une comédie nouvelle sur un sujet inexploré dans le cinéma d'alors, à savoir le lesbianisme ; Balasko précise : "...pari difficile, puisque je n'avais pour références en la matière que des films pour la plupart faits par des hommes concernant des hommes, l'homosexualité masculine ayant été déclinée à l'écran sous toutes ses coutures, à la différence de lesbianisme, plongé dans le silence du non-dit."...
Pour cette histoire où un couple avec enfants connait une crise conjugale après que l'épouse s'attache à une femme ouvertement lesbienne... Outre Balasko qui s'offre le rôle de la "gouine", le couple est incarné par Alain Chabat et Victoria Abril. Chabat vient de cartonner avec Les Nuls dans "La Cité de la Peur" (1994) de Alain Berberian. Abril est en quelque sorte en terrain connu après avoir tourné plusieurs films avec Pedro Almodovar comme "Attache-moi" (1990) et "Talons Aiguilles" (1991) et "Kika" (1993). A leurs côtés on citera Ticky Holgado, Michèle Bernier, Catherine Lachens et Catherine Hiegel. Si le film est vendu comme une comédie il s'avère qu'en réalité le film est plus profond qu'un simple divertissement pour zygomatiques. On peut même dire qu' il s'agit avant tout d'une comédie dramatique, une chronique douce-amère où le lesbianisme est au centre des relations sans omettre pour autant les questions sur la fidélité, l'amour et ses concessions. Le film est à l'image de Marie-Jo alias Josiane Balasko, cette dernière étant une lesbienne masculine plutôt stéréotypée. Si c'est un choix sans doute un peu facile (mais joué de façon savoureuse par Balasko) il apporte le décalage nécessaire au réveil des consciences pour le sérieux, à l'effet caricatural pour le rire.
La cinéaste réussi un joli mélange des genres, oscillant sans cesse entre farce, comédie de moeurs, drame social et comédie sentimentale. Si c'est parfois maladroit, notamment dans la grossièreté qui serait alors inhérente à la lesbienne voleuse de femme, on n'est pourtant pas détaché ; rire et pleur ne sont-ils pas des frères ennemis dans nos vies quotidiennes ?! On aurait sans doute aimé une approche un peu plus subtile ou carrément plus comique que cet entre-deux qui peut laisser sur sa faim. Néanmoins Josiane Balasko signe un film intelligent, nécessaire (surtout en 95) qui a la grande qualité de ne pas laisser insensible, que ce soit d'un côté ou de l'autre. En prime un trio d'acteurs au diapason et quelques séquences mémorables comme le dîner, la danse "nudiste" ou la conception inattendue. Le film reste un succès à près de 4 millions d'entrée France et un César du meilleur Scénario 1996. Un bon moment.
Note :