Mon petit ours jaune
« Je parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître » chantait feu Charles Aznavour. Un temps où les enfants de ma génération et celle d’avant regardaient les aventures de Winnie l’ourson à la télévision et de ses amis, les illustres Bourriquet, Tigrou et Porcinet. Ce petit ourson tout jaune, un peu pataud sur les bords et qui se régalait de pots de miel. Je me souviens qu’il avait cette voix de vieux monsieur, très tendre. Jean-Christophe & Winnie s’adresse à moi et à toutes ces personnes qui ont connu l’ours jaune, l’âne blasé, le tigre foufou et le petit cochon peureux.
Et c’est tout le but de Jean-Christophe & Winnie : nous replonger en enfance, dans l’insouciance, loin du monde gris d’adultes individualistes dans lequel nous sommes. Le film de Marc Forster s’approche de Paddington : une Angleterre vintage, mais plus triste et peu colorée, le numérique de l’ours accro aux sandwichs à la marmelade d’orange a fait place aux peluches. Cela peut d’ailleurs être déroutant au premier abord, néanmoins, ce côté peluche véritable fait ressortir toute la tendresse et la douceur des personnages et du film.
Jean-Christophe & Winnie conviendra plus à l’enfant qui sommeille tranquillement dans les adultes que nous sommes plutôt qu’aux petits. En effet, le film flirte avec le drame, même s’il n’en reste pas moins très touchant. Les enfants n’y verront que le côté peluche sans vraiment comprendre l’histoire qui se résume assez facilement : nous avons tous en nous une part d’enfance oubliée qui ne demande qu’à revivre dans ce monde bien grisâtre.
Jean-Christophe & Winnie est tout doux même pour ceux qui n’ont pas connu l’ourson. C’est tendre comme une caresse ou comme un pot de miel, c’est beau comme un conte, et on se dit que parfois, nous devrions tous laisser sortir l’enfant caché au fond de nous.
Sorti en salles depuis le 24 Octobre 2018.