14 ans après son premier et dernier film en tant que réalisateur avec "Narco" (2003), sans compter le film collectif "Les Infidèles" (2012), celui qu'on connait plus comme acteur revient avec un film plus personnel. Lellouche explique : "L'idée, c'était surtout de trouver un sujet qui me touche et me permette de réaliser un film plus personnel que Narco qui était malgré tout un film de commande. C'est un film que j'ai pris beaucoup de plaisir à faire mais qui n'est pas intimement lié à qui je suis. Tout ça a pris du temps après Narco, mes films d'acteur ont pris toute la place."... L'idée finale lui est parvenu quand le producteur Hugo Selignac lui conseilla de regarder un documentaire sur Arte sur une bande de suédois pratiquant la natation synchronisée : "Une troupe d'hommes plus ou moins désenchantés qui courent après des rêves déchus. Ensuite j'ai demandé à Ahmed Hamidi, dont je connaissais bien le travail et qui était un auteur phare des Guignols à la grande époque, d'écrire avec moi et, dans un second temps, Julien Lambroschini."...
Ahmed Hamidi, outre "Les Guignols de l'Info" a également signé le scénario du film d'animation "Pourquoi j'ai pas mangé mon père ?" (2015) de Jamel Debbouze ; Julien Lambroschini a notamment été scénariste pour Mélanie Laurent et ses films (2014) et (2017) dans lequel jouait d'ailleurs Gilles Lellouche. La première bonne idée du film réside dans son casting, Gilles Lellouche ayant choisi des amis proches mais aussi des acteurs qui ne sont pas issus de son univers et/ou de son cinéma. Ainsi Guillaume Canet (10ème film ensemble !), Marina Foïs (4ème avec Canet), Mélanie Doutey (6ème film avec Lellouche et 3ème avec Canet), Jonathan Zaccaï (3ème film avec Lellouche), Benoît Poelvoorde et Virginie Efira (4ème film avec Poelvoorde) retrouvent pour cette aventure Mathieu Amalric, Jean-Hugues Anglade, Philippe Katerine, Félix Moati, Alban Ivanov, Leïla Bekhti et Noé Abita révélation de (2017) de Léa Mysius... Une telle histoire impose évidemment un entrainement intensif pour ceux qui font partie de l'équipe sportive. Des acteurs aux caractères bien différents qui ont dû s'entrainer plusieurs fois par semaines sur 7 mois avec Julie Fabre, chorégraphe de l'équipe de France de natation synchronisée féminine olympique. On apprend d'abord à connaitre chacun des protagonistes, petit à petit, par petites touches, chacun des personnages ayant ses failles et ses fêlures. Certains sont en dépression plus ou moins lourde mais il y est aussi question de solitude et de détresse affective. Une belle brochette d'acteurs pour un beau panel de loosers du dépressif longue durée au rocker râté en passant par le patron paumé et le frustré du bonheur tous magnifiquement incarné par des acteurs parmi les meilleurs de leur génération.
Bémol, l'écueil habituel du film choral où comment certains restent un peu les parents pauvres de l'histoire mais ça reste plutôt bien géré sur ce point comparé aux habitudes du genre. Pour le mélange loosers en compétition et reconnaissance de soi on pense évidemment à l'excellent "The Full Monty" (1997) de Peter Cattaneo mais, à y regarder de plus près le reste n'a rien avoir. Ici pas de rire pour appuyé une thèse sociale, non Gilles Lellouche signe un film empreint de mélancolie, de plaisir, d'amour et de rêve avec en prime une autodérision jouissive et savoureuse des acteurs. On rit, on sourit, on est touché et on pourra sans doute même apercevoir une petite larme pour les plus sensibles. Il y a surtout et seulement deux petits bémols, un petit manque de rythme parfois mais extrêmement léger mais, surtout, Lellouche dû omettre que ces pieds nickelés de la natation synchronisée sont bel et bien des quadras qui ne sont pas des sportifs de haut niveau ; un minimum de cohérence sur ce "détail" aurait été judicieux. Néanmoins, le cinéaste offre une histoire de tous les possibles, un peu de poésie dépressive entre réalité psycho-sociale et délire loufoque qui ne manque jamais de croquer des personnages qui restent tous émouvants. A voir à revoir et à conseiller.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 9 ans :