NOTRE PETITE SOEURde Hirokazu Kore-eda
Trois sœurs vivent ensemble dans la maison que leur a légué leur grand mère. Elles ont toutes la vingtaine. Un jour elles apprennent que leur père qu'elles n'ont pas vu depuis quinze ans est mort et va être enterré dans la ville balnéaire où il vivait. Elles apprennent également, que la femme avec laquelle il était parti est morte, et qu'il avait une autre fille qui a quatorze ans aujourd'hui. Et qu'à la fin de sa vie il s'était remarié avec une troisième femme. Lors des funérailles, les sœurs rencontrent leur demi sœur; la « grande sœur » avec son œil d'infirmière habitué à jauger des situations, devine la personnalité de la femme de leur père et comprend tout le poids qui pèse sur les épaules de la « petite sœur ». Alors assez naturellement, au moment où les trois sœurs aînées ont un pied dans le train, elles lui proposent de venir vivre avec elles. Et c'est comme ça que Suzu aménagea chez ses sœurs.
Si je n'ai pas encore fini de lire le premier tome de ce manga qui en compte sept en français, il paraît évident que Kore-eda a tenu à rester proche de ce matériel. Des les premières images du film, les costumes et même les coupes de cheveux de certaines sont proches de celles du manga tout en gardant ce qui fait la signature du cinéma de Kore-eda. C'est d'abord un cinéma lumineux, avec une volonté d’utiliser les lumières naturelles. Avec des scènes en extérieur sublimes comme celles autour de cerisiers en fleurs, ou celle d'un feu d'artifice sur l'océan. Sa lumière est une signature, elle est toujours pleine de nuance
Tout comme le choix de ces décors naturels, les points de vues à couper le souffle qui vous immergent dans cette histoire, sont la patte du réalisateur. Ou encore les scènes de « cuisine »,où les femmes se regroupent autour d'un plat que ce soit pour le cuisiner ou pour le manger. Des moments qui font sens. Mais un sens différent dans chaque film. ici, ils parlent de transmission, de protections,et de souvenirs. Ces moments plein de délicatesse où les protagonistes nous invitent à leurs tables et à leurs cotés. C'est un cinéma conviviale qui nous transporte au sein de l'histoire.
Par ailleurs le cinéma de ce réalisateur n'est jamais avare de jolis cadres avec des angles de vues toujours pensés et millimétrés , de portes qui coulissent et s'ouvre sur un extérieur en contre jour. Et ici ils prennent un sens différents, un retour au manga dont l'histoire est issue. Certains plans autour d'un seul personnage, comme suzu récoltant les prunes, avec des dégradés de verts, ou plutôt un camaïeu, on est presque devant une peinture. C'est une beauté discrète qui sert l'histoire et qui vous touche en plein cœur.
Ce film a été un gros coup de cœur autant pour le key maker de ce blog que pour moi. Et si je vais lire les sept tomes déjà édité en français du manga. Le key maker espère qu'un peu à la manière de Linklater, Hirokazu Kore-eda reviendra filmer ses personnages dans dix ans pour voir leurs évolutions