Michael Myers est de retour et Jamie Lee Curtis est prête à en découdre. Voilà donc le revival de Halloween et contre toute attente, c’est particulièrement réussi, brutal et intelligent !
Après un premier volet qui a fait exploser la carrière de John Carpenter et a révolutionné le visage du cinéma d’horreur (on en parlait récemment dans le podcast C’est Super Culte dédié et aussi dans le culte du dimanche), la saga Halloween a connu bien des travers. De la tentative de volet indépendant sans Michael Myers (le 3), au reboot trash et craspec par Rob Zombie en passant par l’incursion d’une secte dans l’histoire et du revival slasher post-Scream des 90’s, Michael Myers sera passé par tous les états.
Mais à l’aube de son 40e anniversaire et après 9 ans d’absence, ce n’était qu’une question de temps avant que la franchise ne soit une fois encore ressuscitée. Et les différentes annonces autour du projet soufflaient le chaud (le retour de Jamie Lee Curtis et John Carpenter, Jason Blum à la production) et le froid (David Gordon Green capable du bon Prince of Texas comme du raté Sa Majesté derrière la caméra, Danny McBride au scénario, Jason Blum à la production et l’ignorance totale de la saga pour se construire en seule suite du volet inaugural du maître de l’horreur). Et même si les bandes-annonces était assez rassurantes, on ne savait pas trop ce que ça allait finalement donner.
Retour à Haddonfield
Et pourtant, on doit le dire d’emblée, le film fonctionne très bien. Même si le film commence par citer le remake de Rob Zombie avec son décor de prison où est détenu Michael Myers, le réalisateur prend systématiquement à contrepied ce qui peut être attendu de ces références. Ainsi, même si il est dit qu’il efface clairement toutes les suites du chef d’oeuvre de Carpenter (et par là-même le lien de parenté ridicule entre Michael Myers et Laurie Strode), il se prête habilement à la référence discrète pour les connaisseurs.
Il en résulte donc une sorte de remake parfois déguisé avec la reprise de l’évasion, les rues d’Haddonfield et de certains meurtres. Mais les auteurs vont heureusement bien plus loin que ça. Contrairement à de nombreux réalisateurs qui avaient pris la suite de Carpenter sans comprendre cette idée d’ombre et de mal absolu et incompris, ici elle est parfaitement intégrée et évolue même avec une dimension de terroriste intérieur dans une Amérique qui se replie sur elle-même. Son aura est donc renforcé et sa brutalité froide et cruelle, sans remord colle des frissons.
Rarement le film joue le second degré et David Gordon Green assume pleinement le côté primaire de son récit et de sa mise en scène, offrant au spectateur des mises à mort marquantes et habilement travaillées. Les frissons sont ici authentiques. Alors certes, certains passages ne vont pas au bout de leurs idées (la trame du psy et du shérif Hawkins), mais cela donne du corps au film.
L’ombre et la proie
Et puis il y a la présence de Laurie Strode. Un retour méconnaissable pour Jamie Lee Curtis qui campe une ancienne victime âgée, parano, au bout du rouleau et qui ne désire finalement qu’une chose, sa revanche. L’intrigue joue alors sur le concept du traqueur et de sa proie (changeant à tour de rôle) dans un cadre claustrophobe avec une efficacité redoutable.
Ce face à face attendu permet alors, après l’Amérique refermée et arme au poing, de s’ancrer dans une autre thématique d’actualité, celle du mouvement #MeToo. Car cette fois, si il y a effectivement des femmes victimes, la lignée Strode ne va pas se laisser faire par l’homme menaçant et harceleur, qui les poursuit depuis 40 ans. L’heure de la revanche a sonné au point de brûler tout ce qui représente cette agression de manière libératrice. Une vision passionnante de ce combat.
Bref, vous l’aurez compris, ce retour de Michael Myers est une véritable réussite. Gordon Green respecte autant l’héritage de Carpenter qu’il l’inscrit dans l’Amérique d’aujourd’hui avec la complicité de Jamie Lee Curtis, particulièrement impliquée. Un jeu cruel qui va régaler les mordus d’horreur.