Un grand merci à Elephant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « La loi de Lynch » de Cecil B. DeMille.
« C’est un pays libre et je me battrai pour faire valoir mes droits »
Trois lycéens, Steve Smith, Gus Ruffo et Billy Anderson se lient d’amitié avec un tailleur juif du nom de Herman. Celui-ci est aux prises avec Louis Garrett, le mafieux local qui tente de lui extorquer de l’argent en échange d’une protection. Quand Herman est assassiné par Garrett et que le malfrat s’en sort au procès, les trois jeunes décident d’enquêter et de rendre justice…
« Nous devons faire ça bien. Nous ne devons pas devenir des meurtriers à notre tour »
Pionnier de la grande aventure de l'industrie cinématographique américaine, Cecil B DeMille s'impose, aux cotés de David W. Griffith, King Vidor ou Leo McCarey, comme l'un des réalisateurs majeurs et incontournables de la toute jeune Hollywood des années 20, durant lesquelles il triomphe notamment grâce à ses fastueux péplums et autres fresques bibliques (« Les dix commandements », « Le roi des rois »). Une thématique que le cinéaste aux idées réputées conservatrices continue d’exploiter au début des années 30 avec l’avènement du cinéma parlant (« Le signe de la croix », « Cléopâtre »), avant de se consacrer ensuite plus largement au cinéma d’aventures. Pourtant en 1933, juste avant la mise en place du code de censure Hays, il signe avec « La loi de Lynch », une étrange fable sur la justice et l’importance de la loi.
« Il y a plus de poings que de balles en ce monde »
« La loi de Lynch » est une vieille expression un peu oubliée qui servait à désigner les sentences expéditives et les exécutions sommaires et qui donna finalement lieu au mot « Lynchage ». Dans le film de DeMille, l’expression trouve tout son sens puisque elle renvoie à l’Amérique de la Grande Dépression, gangrénée une pègre suffisamment bien organisée pour que la justice soit impuissante face à elle. Dans ce contexte troublé, le cinéaste imagine ainsi une bande de lycéens vent debout contre le racketteur de la maffia locale, coupable selon eux d'avoir assassiné un pauvre tailleur juif qui lui résistait. Et puisque la justice a toujours échoué jusqu'ici à l'inculper, les voilà bien décidés à agir pour le faire tomber et laver l'honneur de leur ami. Ce qui au départ commençait comme une aventure un peu naïve façon « Club des cinq » prend ici peu à peu une tournure résolument dramatique et sombre : les adolescents apprennent à leurs dépends que les gangsters restent des assassins cruels tandis que les pouvoirs officiels demeurent impuissants face à la corruption généralisée et au cynisme ambiant. La tonalité se fait alors plus crue (on appâte un tueur avec une très jeune femme dans une scène laissant assez peu de place aux faux semblants) et l'ambiance plus violente (la scène du puits avec les rats). Mais DeMille veut croire à l’idéalisme et au courage de la jeunesse, celle-là même qui représente l'avenir et l'Amérique de demain, pour faire table rase du passé et prendre courageusement le destin de la communauté en main. Dans la posture du redresseur de tort, le cinéaste signe là une fable morale assez poignante - bien qu’ambigüe (il y cautionne d’une certaine manière le pouvoir des milices citoyennes) - faisant preuve d’un idéalisme qu’on ne lui connaissait pas. A n’en point douter, une vraie curiosité dans sa filmographie.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation de Cecil B. DeMille (10 min.) et d’une présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (10 min.), ainsi que du module « Cecil B. DeMille : Le géant d’Hollywood » (10 min.).
Edité par Elephant Films, « La loi de Lynch » est disponible en DVD depuis le 25 septembre 2018.
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