Le réalisateur Pierre Salvadori qui avait connu son premier succès avec "Les Apprentis" (1995) revient avec une comédie dont la réception critique est excellente dont la promo se sert d'ailleurs ostensiblement. Le cinéaste avait une idée qui lui trottait dans la tête depuis un moment, à savoir un homme innocent qui sort de prison et qui n'aurait qu'une seule idée en tête, commettre le crime pour lequel il avait été condamné. Salvadori précise : "J'allais vers un film d'intrigue, une histoire de braquage... Une conversation avec ma mère l'a incidemment remis en piste. "Tu sais, m'a-t-elle dit, ce sont les mères qui font les pères. Je vous ai toujours raconté un père un peu plus glorieux, un peu plus gentil, un peu plus fort, un peu plus tout qu'il n'était peut-être...". Cette phrase m'a poursuivi. Est née l'idée de mélanger les deux sujets : l'innocent qui sort de prison et cette femme qui essaie de dire à son fils que son père était un ripou à travers les histoires qu'elle lui raconte le soir pour l'endormir."... Salvadori co-signe le scénario avec Benoît Graffin, un fidèle depuis "Après Vous..." (2002) et avec Benjamin Charbit qui a signé récemment la comédie (2018) de Victor Saint-Macary. On suit donc une veuve de policier qui apprend que son époux collègue et héros local n'était en fait qu'un ripou qui a fait condamné un innocent. Elle décide d'aider cet homme à sa sortie de prison...
Cette fliquette est interprétée par Adèle Haenel, peu habituée au genre de la comédie vue entre autres dans "Les Combattants" (2014) de Thomas Cailley et récemment dans "Un Peuple et son Roi" (2018) de Pierre Schoeller. Son époux est incarné par l'excellent Vincent Elbaz qui lui est un spécialiste du genre. Son collègue et "ami" est joué par le méconnu Damien Bonnard dont le titre de gloire est une apparition dans "Dunkerque" (2017) de Christopher Nolan, et tout de même, un rôle principal dans "Rester Vertical" (2016) de Alain Guiraudie. Le repris de justice immocent est incarné par Pio Marmaï qui retrouve pour l'occasion Adèle Haenel après "Alyah" (2012) de Elie Wajeman, il retrouve également Audrey Tautou après "La Délicatesse" (2011) des frères Foenkinos, tandis que Marmaï et Tautou retrouve respectivement Salvadori après "Dans la Cour" (2014) pour lui et après "Hors de Prix" (2006) et "De Vrais Mensonges" (2010) pour elle... Dès le générique on se dit que ça va être une comédie relevé, rythmé et soutenue, on pourrait même soupçonner un grain de folie qui serait presque inédit tant les comédies françaises sont interchangeables. Malheureusement ce générique tonitruant ne tiendra pas toutes ses promesses. En effet lepremier bémol réside justement dans le manque de rythme, trop de baisses de régime.
La faute à des gags certes excellents mais trop rares. Et pourtant l'idée de Salvadori est servi par un scénario malin et truffé de trouvailles aussi intéressantes que savoureuses. D'abord les acteurs sont merveilleux, inspirés et investis, de Adèle Haenel particulièrement touchante en veuve un peu paumée à Pio Marmaï en ado attardé en passant par un Damien Bonnard amoureux. Il y a des séquences absolument magnifiques, passant du burlesque à l'absurde en passant même par l'onirisme. Ainsi le récit offre des séquences qui touchent au sublime comme l'"aller-retour" sur le seuil de la maison, les "contes paternels" ou encore le taxi... Dommage qu'entre toutes ces scènes géniales le film redescend en tension, retourne à une routine pas désagréable mais qui semble un peu plus classique. On notera tout de même un montage judicieux qui ne manque au final pas d'une certaine poésie. On passera sur des invraisemblances (notamment en rapport avec la police) car cette comédie reste néanmoins le plus beau film de Salvadori, plus créatif, à la fois plus amusant et plus touchant.
Note :