De Gilles Lellouche
Avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde
Chronique : Présenté à juste titre comme un Full Monty à la française, Le Grand Bain, malgré ses atouts indéniables, est loin d’égaler son illustre modèle.
Il aurait fallu pour cela une mise en scène moins prévisible, un rythme plus soutenu, une bande-son moins ringarde, mais surtout d’un peu plus de finesse lorsqu’il s’agit d’aborder le registre très sensible de la comédie sociale. La bande de pieds-nickelés qui composent l’improbable équipe de natation synchronisée masculine repose sur des clichés bien trop appuyés pour donner au Grand Bain ce supplément d’âme qui peut sublimer le genre. Gilles Lellouche n’y est pas allé avec le dos de la cuillère dans la caractérisation de ses personnages tous construit sur un modèle assez similaire et avec peu de nuances. Une bande de quadra/quinquas dépressifs, de ratés aigris et agressifs qu’on n’a au départ pas vraiment envie d’accompagner. Heureusement, le Grand Bain s’adoucit au fur et à mesure que son intrigue avance, et il finit par délivrer ce qu’on peut attendre d’une comédie « crowd pleasure »
Car s’il enfonce les portes ouvertes, on rit quand même souvent, et franchement, souvent au détriment des apprentis nageurs, parfois avec eux. Les punchlines se font de plus en plus efficaces, les situations gagnent en profondeur et les trajectoires personnelles de chacun, assez plombant et malaisant, laisse progressivement la place au destin collectif qui emporte finalement l’adhésion.
Surtout, et c’est la qualité première du Grand Bain, Lellouche tire le meilleur d’un casting hétéroclite et finalement complémentaire. Philippe Katerine est exceptionnel, touchant et hilarant, Canet, Poelvoorde et Anglade jouent des partitions qu’ils maitrisent parfaitement, mais ce sont sans doute les personnages gravitant autour de l’équipe qui sont les plus marquants, en particulier les rôles féminins. L’arc narratif autour des anciennes partenaires qui coacheront tour à tour l’équipe (Virginie Efira, Leila Bekhti) est le plus construit et le plus fort. Et il n’est pas étonnant que le film décolle vraiment lorsque Leila Bekhti apparaît à l’écran.
Par ailleurs Lellouche réussit clairement son final, qui valide sur le fil au Grand Bain son statut de Feel Good Movie.
Si on n’est pas obligés d’être emballés, on peut aussi difficilement nier sa bienveillance et son côté réconfortant. Après Le Jeu et En Liberté! tous sortis à quelques jours d’intervalle, Le Grand Bain démontre qu’il y a une vie possible pour la comédie française en dehors d’Alad’2 et Epouse-moi mon pote. Rien que pour ça, on est reconnaissant.
Synopsis : C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie…