Les Utopiales 2018- Longs métrages compétition internationale

Comme chaque année, les Utopiales propose une sélection de longs métrages internationaux en compétition. On regrette l’absence totale des femmes, que ça soit les réalisatrices, ou dans la composition du jury. 9 films en compétition, j’ai pu en voir 4.
Assassination Nation de Sam Levinson a gagné le prix du jury et Freaks de Zack Lipovsky & Adam B.Stein celui du public.

1-Lifechanger, de Justin McConnel (Canada)

Les Utopiales 2018- Longs métrages compétition internationale

Le sujet:
Une entité doit prendre possession de corps en corps pour survivre.

L’avis:

Les Utopiales 2018- Longs métrages compétition internationale
Lifechanger fait clairement référence au Témoin du Mal, de Gregory Hoblit (1998). Cette entité maléfique qui navigue de corps en corps pour arriver à ses fins.
Ici, l’intérêt majeur du film réside dans le fait qu’on pense que cette entité serait par nature mauvaise (après tout elle tue froidement et facilement ses proies), mais qui s’avère plus complexe. Habitée par l’amour envers une femme avec qui elle a des contacts au fil du temps, et sous différents aspects humains, homme ou femme, on finit par être attendri par ce personnage. Après tout, cet être ne fait que ce que nous faisons, humains, pour vivre: tuer des proies.  L’évolution du personnage et de ses réflexions (que se passerait il si je me laissais mourir?) offre un final surprenant et apaisant, bien qu’un peu bâclé.
Autre point fort de Lifechanger: les dialogues sont plutôt bien écrits, les voix off également, ce provoque une réelle empathie pour les personnages.
Lifechanger est par contre plombé par une mise en scène inexistante, des scènes longues et complètement inutiles à la narration (la fuite d’un des personnages suite à la diffusion de son portrait; la police ayant découvert les meurtres. On s’en fout royalement, c’est clairement pas l’enjeu initial du film).
Un bon moment, mais Lifechanger ne marquera pas les esprits.

2-The man with the magic box, de Bodo Kox (Pologne)

Les Utopiales 2018- Longs métrages compétition internationale

Le sujet: 
Dans un monde futuriste, un agent d’entretien vit une histoire d’amour avec une femme travaillant dans le même immeuble. Mais un poste de radio vintage vient perturber le cours du temps..

L’avis:
Les Utopiales 2018- Longs métrages compétition internationale
The man with the magic box brille d’abord par sa photographie qui rappelle des films comme Brazil de Terry Gilliam, et plus récemment La forme de l’eau de Guillermo Del Toro. Un mélange de vert, de brume, de carreaux noir et blanc, qui installent une ambiance anxiogène, peu avenante.
Sur fond d’agents secrets et d’expériences plus ou moins paranormales, le film crée beaucoup d’émulsions et d’actions pour un final sans intérêt. On oublie rapidement l’existence de la radio, qui passe clairement au second plan.
Heureusement, les acteur-rices sauvent le film, l’un jouant avec finesse l’amoureux éconduit mais tranquille, l’autre simulant avec efficacité une carapace (pour se protéger de quoi? On se le demande). On peut également noter quelques pointes d’humour pertinentes, qui font mouche.
Le vrai sujet du film s’avérant être une histoire d’amour perdue dans le temps.

3-Assassination Nation, de Sam Levinson (USA)

Les Utopiales 2018- Longs métrages compétition internationale

ATTENTION COUP DE COEUR! J’ai donc consacré un article à part entière sur le film, à lire ICI.Les Utopiales 2018- Longs métrages compétition internationale

4-Freaks, de Zack Lipovsky & Adam B.Stein (USA)

Les Utopiales 2018- Longs métrages compétition internationale

Le sujet:
Une fillette de 7 ans vit recluse avec son père, qui craint des attaques meurtrières…

L’avis:
Les Utopiales 2018- Longs métrages compétition internationale
C’est un peu ma déception du festival. Le pitch était prometteur. Je suis toujours friande de la présence d’enfants dans le cinéma de genre, élément narratif tabou dans ce type de film, et qui donc peut s’avérer intéressant, soulevant des problématiques pertinentes.
Pour couronner le tout, le programmateur de la sélection survend le film en disant que depuis qu’il est montré en festival en septembre, il est étonné que ni journalistes, ni festivalier-ères n’ont spoilé la fin, qui s’avère être surprenante. Freaks serait même un tournant dans le cinéma de genre. Spoiler alert du coup: non. Le film est plutôt bon, mais original, non.

Commençons par ce qui fâche. Freaks retrace en fait le combat de personnes dites « anormales » pour avoir le droit d’exister dans une société hostile, qui a surtout peur de son incapacité à maîtriser des êtres plus performants. Ca vous dit quelque chose? Comme X Men? District 9? Planète Hurlante? La planète des singes? Les tortues Ninja? (joke). Bref, la surprise tourne vite court, car le secret est vite dévoilé.
Non seulement, l’enjeu du film est classique, mais en plus les éléments narratifs à l’intérieur le sont aussi (communication mentale, possession des esprits, fatigue des protagonistes suite à une grosse concentration….). C’est finalement la première demi heure qui est la plus intéressante. On navigue entre ce qui nous semble être un rêve, un cauchemar, du paranormal ou l’imagination d’une enfant qui donne un petit côté Alice aux Pays des Merveilles.

Là encore, le film est sauvé par l’interprétation des acteur-rices, notamment la petite fille. Elle est quasiment sur tous les plans, et parvient à parfaitement transmettre la peur, le besoin d’amour, la quête, la force, le combat…
Le décor de la maison transformée en bunker est réussi, on y croit, et les effets spéciaux s’en tirent plutôt bien malgré la petite équipe et le budget réduit.
Ces deux éléments font que je ne me suis pas ennuyée. De là à dire que Freaks restera dans ma mémoire…