Avec Rami Malek, Gwilym Lee, Lucy Boynton
Chronique : Attendu avec autant d’appréhension et de fébrilité que d’excitation par le fan de Queen que je suis, Bohemian Rhapsody allait-il être à la hauteur du génie absolu que fut sa Majesté Freddy Mercury ?
La réponse est clairement non, c’est une réelle et douloureuse déception.
Ce biopic s’avère désespérément sage, souvent fade, bien trop lisse pour traduire la complexité et la richesse de la carrière d’un groupe qui révolutionna le rock anglais, perpétuellement dans le renouvellement et l’inventivité. Précurseurs dans sa manière d’appréhender la création musicale (le titre Bohemian Rhapsody en étant le plus éclatante démonstration), Queen le fut aussi dans la manière de transmettre sa musique et de toucher son public, à travers le gigantisme de ses tournées, mais aussi en étant dans les premiers à s’appuyer sur le média télévisuel et les clips pour ajouter une dimension visuelle et souvent audacieuse à sa musique. En se concentrant sur la vie sentimentale de son chanteur, aussi légendaire fut-il, le film rate le principal et ne parvient jamais à capter l’essence du groupe. Mal fagoté et mal écrit, Bohemian Rhapsody se contente d’un récit consensuel, linéaire et sans génie, d’une mise en scène basique, et d’un scénario qui reste toujours en surface au lieu d’explorer les zones d’ombre du groupe et de son leader. Queen enchaîne les tubes et les idées musicales de génies avec une facilité déconcertante (on imagine pourtant mal que toutes ses chansons culte leur soient toutes venues en deux minutes) et si l’histoire de Mercury fait bien référence à son homosexualité et sa séropositivité, c’est encore une fois de manière très superficielle, très factuelle, et sans chercher à approfondir l’impact sur le reste du groupe et sur sa vie personnelle de ce qui fut toujours considéré comme un tabou et longtemps vécu comme un profond mal-être par le chanteur.
MAIS, car il y a un gros MAIS, deux éléments viennent sauver Bohemian Rhapsody de la plantade. Il ne faut que 10 minutes à Rami Malek pour que l’on oublie ses fausses dents et ses postiches et qu’il nous convainque en Freddy. C’était une gageure, et c’est une grande performance. Peut-être pas suffisant pour les Oscars au regard des faiblesses du film, mais sans hésitation son atout principal après… ces putain de chansons ! Dès que les premières notes d’un des hits parmi la centaine qui ont jalonné la carrière de Queen se mettent à jouer, les poils commencent à se dresser, les frissons à parcourir la nuque. Killer Queen, Love of my Life, Radio Gaga, Another one bite the dust, pour n’en citer que quelques-uns sur lesquels le film met l’accent, autant d’instants électrisants et galvanisants pour tout fan du groupe. Le point culminant restant la reconstitution quasiment à l’identique des mythiques vingt minutes qu’a donné le groupe à Wembley à l’occasion du concert caritatif Live Aid en 1985, auxquelles on assiste une larmichette au coin des yeux. « A kind of magic moment » qui ravive chez moi le regret éternel de ne jamais avoir l’occasion de voir Queen et Mercury sur scène dans ma vie…
Projet compliqué ayant connu de nombreux déboires dans sa production (changement de casting, réalisateur viré, main mise artistique des membres historiques du groupe), Bohemian Rhapsody s’est construit dans la douleur pour un résultat par moment euphorisant, mais surtout extrêmement frustrant…
Synopsis : Bohemian Rhapsody retrace le destin extraordinaire du groupe Queen et de leur chanteur emblématique Freddie Mercury, qui a défié les stéréotypes, brisé les conventions et révolutionné la musique. Du succès fulgurant de Freddie Mercury à ses excès, risquant la quasi-implosion du groupe, jusqu’à son retour triomphal sur scène lors du concert Live Aid, alors qu’il était frappé par la maladie, découvrez la vie exceptionnelle d’un homme qui continue d’inspirer les outsiders, les rêveurs et tous ceux qui aiment la musique.