Hormis « Une Affaire de Famille » qui sort au mois de décembre, ils ne nous restent à Cécile et moi que deux films à découvrir de Hirokazu Kore-eda, « Maborosi » et « Tel Père, Tel Fils ». Au milieu de cette filmographie qui ne compte pour moi, aucun faux pas, un film qui dénote par rapport à ce qu'il a l'habitude de faire, il s'agit de « Hana yori mo naho », un film d'époque, un jidai-geki dans la plus pure tradition japonaise. Un film sur un samouraï réticent, si je me fie au titre anglais, ou l'on fréquente « les Bas-Fond » de Akira Kurosawa et les samouraïs de la « Vendetta d'Ako », les 47 ronins.« A young and inexperienced samurai, Aoki Sozaemon, has come from Matsumoto to Edo. Living in a slum, he waits to locate and take revenge against his father's killer, to restore honor to his clan's name. However, his impoverished, revenge-driven life takes a negative toll on him, as does his discovery that his intended victim, another low-status samurai, has a wife and young children. Eventually, Soza must decide: to kill, or not kill? »
Des différents films de Hirokazu Kore-eda, j'admets qu'il ne fait pas partie de mes préférés, mais comme à chaque fois, malgré tout j'ai été bluffé (Doux paradoxe) ! Par ce mélange si doux entre l’âpreté du quotidien dépeint, les situations banales qui s'y passent, la vie de ce samouraï et la grande histoire qui se joue en fond. Bref c'est un jidai-geki à la « Kore-eda », avec une histoire de samouraï, de vengeance et de rédemption, mais avec la simplicité qui le caractérise et qui rendent ces films si sympathique.Comme pour l'intégralité de ces films (hormis Maborosi), c'est Hirokazu Kore-eda qui écrit le scénario. Il se concentre sur l'histoire de Aoki Sozaemon, qui part à Edo, identifier le meurtrier de son père afin de le venger, comme se devoir de samouraï lui dicte. Mais une fois sur place, il s'installe dans les bas fonds de la ville et commence à mener une vie « presque » paisible, loin de toutes la pression que son clan lui fait subir. Un quotidien qui change tout pour notre personnage, car il fait l’expérience d'un calme et d'une quiétude auxquels il n'a jamais été confronté. Un monde sans haine (ou presque), sans contrainte et surtout loin de toutes traditions, comme celle de venger la mort de son père. Un dilemme que c'était déjà fait avant lui, des cinéastes comme Akira Kurosawa ou Masaki Kobayashi, ou le poids des traditions devenaient un fardeau, le symbole d'un monde devenu injusteC'est aussi une ode à la simplicité, aux gens que l'on ne voit pas (ou qui ne seraient rien dans notre monde moderne). Des « sans voix » qui ont évidemment une voix qui porte, bien plus qu'ils ne l'imaginent. Le réalisateur nous entraîne à leurs cotés, en partageant un bout de vie, un moment dehors ou une représentation de théâtre. Des instants de vies traversés par des sourires, de la bonne humeur et une solidarité sans faille malgré les problèmes du quotidien. Faisant de ces personnages, des personnages purement « Kore-edaien », généreux, rayonnant, solidaire et simple.La réalisation est quant à elle, extrêmement solide ! Si j'émets un bémol sur la longueur du film et son rythme, Hirokazu Kore-eda n'a pas son pareil pour capter avec aisance l'apparente simplicité du quotidien. Les différents interprètes sont souvent cadrés au niveau du buste dès qu'il s'agit de dialogue, ou dans son ensemble, lors de scènes à plusieurs, où l'on apprécie la composition des plans du réalisateur, donnant ainsi de la dynamique à des scènes qui en semblaient dépourvus. A cela on peut ajouter l'impeccable tenue des décors, qui rend tangible les bas fonds d'Edo, tout comme les costumes que l'on doit à Kazuko Kurosawa, qui fait une nouvelle fois des merveilles. Et un film de Kore-eda ne serait pas un film de Kore-eda, sans une musique bien travaillée, qui ici sonne comme un appel à l'aventure, à briser les codes et à avancer vers l'inconnu, une bande originale entêtante que l'on doit à ****** !Et le casting se révèle être à la hauteur du film ! Junichi Okada joue Aoki Sozaemon aka Soza. Un samouraï avide de vengeance, du moins en apparence, car il n'en est rien et c'est exactement ce qu'il transmet ! Un homme peu sûr de lui, en proie au doute, qui découvre peu à peu une vie qui lui convient. Une performance attachante et de qualité. Rie Miyazawa qui joue Osae est une actrice infiniment talentueuse ou sa finesse de jeu n'a d'égal que son extrême sensibilité. Et avec Junichi Okada ils forment un duo complémentaire, qui porte le film avec grâce pendant près de deux heures. On trouve aussi Tadanobu Asano, Arata Furuta ou encore Jun Kunimura qui complète ce casting fort talentueux.