Réalisateur : Joel et Ethan Coen
Acteurs : James Franco, Brendan Gleeson, Zoe Kazan, Liam Neeson, Tim Blake Nelson, Clancy Brown, Stephen Root, Tom Waits,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Western.
Nationalité : Américain
Durée : 2h13min
Synopsis :
La ballade de Buster Scruggs est un western d'anthologie en six volets mettant en scène les légendes du Far West. Chaque chapitre est consacré à une histoire différente de l'Ouest américain
Critique :
Il était six fois dans l'Ouest, les Coen font de #LaBalladedeBusterScruggs une anthologie western façon film à sketchs sur l'Ouest Américain, sorte de rencontre inégale mais légère et sincère entre le cinéma européen (surtout italien) et ricain. Pas majeur donc, mais divertissant pic.twitter.com/wy0Wk3cwEk— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 16 novembre 2018
Que Joel et Ethan Coen continuent, malgré les années qui passent, à nous éblouir avec des péloches racées et intelligentes, ne nous étonne guère, mais que les deux frangins enchainent les chefs d’œuvres tout en peaufinant leur style de film en film, force est d'admettre que cela pousse sacrément au respect, même s'ils ne sont pas, heureusement, des cas isolés - coucou Spielby et Marty.
Peu importe alors, ce que peuvent penser leurs détracteurs (qui auront, de toute manière, toujours tort), les bro's n'ont pas perdu une seule once de leur mojo depuis Inside Llewin Davis.Mieux même, ils avaient tout simplement fait de leur dernier long en date, Avé, César !, un sommet de comédie kitchissime et délirante à souhait, captant avec maestria et ironie, les dernières heures de l'âge d'or Hollywoodien dans ce qui est, sans l'ombre d'un doute, l'un des hommages les plus délirants et grotesques de cette époque sur grand écran.
Deux ans et demi plus tard, et passant du côté " obscur " de la production Hollywoodienne - Netflix -, les deux cinéastes ne perdent absolument pas le nord et concoctent une anthologie western façon film à sketchs (et un temps faussement annoncé comme une série) sur l'Ouest Américain : La Balade de Buster Scruggs, sympathique film concept logiquement inégal, mais définitivement immanquable tant il cite avec bonheur, la folie burlesque de leur cinéma tel qu'elle a pu être gravée sur la pellicule via les merveilleux O'Brother, Burn After Reading ou encore Hail Caesar.
Scindé en six parties plus ou moins défendables démarrant sur, malheureusement, la plus bancale - voire dispensable -, The Ballad of Buster Scruggs (parodie cartoonesque du genre, avec un Tim Blake Nelson chantant franchement horripilant) et se concluant plus ou moins de la même manière avec The Mortal Remains (déambulation nocturne dans une diligence avec deux croquemitaines, visuellement hypnotique mais diablement inconsistant, le Coen nouveau tutoie pourtant souvent la grâce dans son ventre mou, avec des chapitres proprement magnifiques.Que ce soit Near Algodones, segment enlevé et léger façon bis rital aux dialogues savoureux, suivant les basques d'un James Franco parfait en braqueur de banques dont le destin funeste, et symptomatique de la ruée vers l'or de l'Ouest Américain, ne fait que donner de la puissance viscérale au projet; ou encore All Gold Canyon, moment jouissivement absurde, méta et désenchanté sur un chercheur d'or dédiant sa vie à sa passion (Tom Waits, parfait).
Mais, en dehors d'un plutôt réussi et très kafkaïen Meal Ticket, porté par un Liam Neeson machiavélique en imprésario d'un spectacle itinérant façon freak show, c'est surtout le brillant The Gal Who Got Rattled qui remporte le plus l'adhésion, épique western radical et mélancolique fleurant bon l'Ouest sauvage, dominée par la lumineuse Zoé Kazan.Il était six fois dans l'Ouest, évidemment pas toutes aussi mémorables que le poème brutal et poussiéreux de feu Sergio Leone donc, mais six explorations des différents sous-genres du western, qui ont pleinement le mérite d'exister aux côtés de leurs No Country For Old Men et True Grit.
Sorte de rencontre improbable mais souvent magique, entre le cinéma européen (majoritairement le cinéma italien des 60's) et américain, à la fois hommage sincère et vraie reflexion pertinente sur l'art certes furieusement bancal dans son ensemble, mais pas moins plaisante à découvrir, La Ballade de Buster Scruggs, loin d'être un Coen majeur, n'en est pas moins une belle petite bulle de légèreté en attendant de revoir les deux frangins sur grand écran avec un projet nettement plus solide.
Jonathan Chevrier