[CRITIQUE] : Lola et ses Frères

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Jean-Paul Rouve
Acteurs : Jean-Paul Rouve, José Garcia, Ludivine Sagnier, Ramzy Bedia,...
Distributeur : UGC Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min.
Synopsis :

Lola a deux frères : Benoit, qui se marie pour la 3ème fois, et Pierre, qui débarque en retard au mariage… Excuses, reproches, engueulades, brouilles, chacun essaye de vivre sa vie de son côté. Benoit va devenir père sans y être prêt. Lola fait la rencontre de Zoher alors qu’elle s'occupe de son divorce. Quant à Pierre, ses problèmes professionnels s'enveniment. Tout dans leur vie devrait les éloigner, mais ces trois-là sont inséparables.

Critique :
Vrai feel good movie doux-amer dans l'âme, #LolaetsesFrères s'inscrit dans les pas du merveilleux #LesSouvenirs, précédent long de Jean-Paul Rouve, et incarne un petit bijou d'humanité, de sobriété et de tendresse, une dramédie attachante sur une jolie famille dysfonctionnelle pic.twitter.com/bjVQq2p3aF— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 22 novembre 2018

Il y a une ambivalence assez fascinante dans le parcours professionnel que s'est dessiné lui-même Jean-Paul Rouve depuis son explosion au sein de la légendaire troupe des Robin des Bois, une école télévisée qui lui a permis autant d'aiguiser son penchant pour l'humour extrêmement potache, que sa facilité d'improvisation.

Capable de jouer dans les moins défendables des comédies populaires pour diverses cinéastes (Les Nouvelles Aventures d'Aladin ou à la trilogie Les Tuches, pour ne citer que les plus récents exemples), il est aussi et surtout, un brillant cinéaste dont les premiers essais, aussi touchants qu'enlevés, ont gentiment su s'installer comme quelques-unes des dramédies les plus réussis du cinéma hexagonal des années 2000 (surtout le sublime Les Souvenirs).
Après quatre ans d'absence, il retrouve sa caméra pour le fantastique Lola et ses Frères, petite douceur sur une fratrie banalement géniale (Rouve, José Garcia et Ludivine Sagnier), aussi subtile qu'humaine.

Loin des facéties extrêmes d'un Dany Boon, Rouve, plus proche de son illustre ainé Claude Berri (et bien aidé par la plume experte de David Foenkinos), narre les aléas d'une poignée de vie de la plus simple qui soit : deux frères et une soeur qui tentent de vivre une vie normale et dont les fêlures sentimentales et existentielles, s'enlaceront dans un balai des sens et des émotions aussi bouleversant qu'il est d'une justesse admirable.

Une cartographie d'une famille lambda aux problèmes et maux universels, qui peut se voir comme un prolongement parfait de son précédent film, et dont la mélancolie profonde nous prend à la gorge pour ne plus jamais nous lâcher, même malgré quelques envolées humoristiques salvatrices.
La caméra délicate du cinéaste, jamais inquisitrice face aux choix et aux mots de ses personnages (où l'absence de mots, ici encore plus révélatrice) croqués avec un amour certains, épouse même à la perfection les partitions impeccables de ses interprètes (Garcia et Ramzy Bedia n'ont pas paru aussi justes depuis des lustres, Sagnier est solaire), en qui beaucoup pourront se reconnaître.

Vrai feel good movie doux-amer dans l'âme, Lola et ses Frères est un petit bijou d'humanité, de sobriété et de tendresse, une comédie dramatique attachante sur une jolie famille dysfonctionnelle, qu'il serait bien maladroit de bouder en ses dernières heures d'un mois de novembre particulièrement bénéfique au cinéma made in France.


Jonathan Chevrier