Un grand merci à Coin de Mire pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Des gens sans importance » de Henri Verneuil.
« La fatigue, vous savez pas ce que c’est, vous ? »
Jean Viard, routier, quinquagénaire, mal marié et père de trois enfants, rencontre Clotilde. Elle a vint ans, elle est jolie et amusante. Elle travaille dans un relais routier où ils se retrouvent à la faveur des passages réguliers de Jean. Ils prennent peu à peu conscience d’une irrésistible passion qui les bouleverse, mais leur relation vire au drame…
« Tu crois que c’est vraiment une chance que tu tiennes à moi ? »
Figure majeure du cinéma français du début des années 50 jusqu'au début des années 90, Henri Verneuil se fit d'abord connaitre grâce à ses comédies - parfois dramatiques - portées par Fernandel (« Le mouton à cinq pattes », « Le boulanger de Valorgues », « La vache et le prisonnier »). Mais c'est surtout grâce à ses films d'aventures (« Cent mille dollars au soleil », « Week-end à Zuydcoot ») et ses polars virils (« Le clan des siciliens », « Le casse », « Peur sur la ville ») qu'il s'imposera comme le chantre d'un cinéma d'hommes et l'un des rois d'un certain cinéma populaire de qualité. Jusqu'à une fin de carrière davantage centrée sur des thrillers politiques (« I comme Icare », « Mille milliards de dollars », « Le corps de mon ennemi »).
« Pour partir tu es toujours à l’heure, mais pour revenir... Au fond, à chaque fois qu’on se voit, c’est pour se dire au revoir... »
Mais avant cela, Verneuil s'essaya aussi, brièvement au cours des années 50, au genre du mélodrame. Avec notamment deux films : « Les amant du Tage » (1955) et « Des gens sans importance » (1956). Adapté d'un roman de Serge Groussard, ce dernier nous plonge dans l'univers des transporteurs le temps d’un long flashback. En escale dans une auberge de routiers, le héros se souviendra alors de sa brève passion pour une jeune serveuse qui travaillait là et avec qui il crut un court instant qu'il pourrait refaire sa vie et ainsi échapper à la monotonie de sa propre existence. Une histoire d'amour adultère touchante mais au fond assez classique qui se démarque néanmoins des films de l'époque par son choix de filmer de façon réaliste le quotidien des classes laborieuses. En effet, alors que la France des trente glorieuses connait une période de prospérité et de modernisation importante, Verneuil s'intéresse aux petites gens évoluant en marge du bonheur et dont il dresse un portrait sans fard : les routiers semblent être plus exactement des forçats de la route abonnés aux cadences infernales, leurs familles évoluent dans un Paris populaire assez délabré tandis que la jeune héroïne, de désillusion en désillusion, finit par trouver une place de boniche dans un sordide hôtel de passes des plus miteux. Avec en prime, cette terrible sensation qui colle à la peau qu'il n'y aura ni échappatoire ni rédemption possible pour ces personnages, nés dans la fange et condamnés à y rester. Jean Gabin, comme à son habitude, est parfait de sensibilité retenue, face à une Françoise Arnoul toute en fragilité. A noter également la belle présence de Pierre Mondy et de Paul Frankeur dans des seconds rôles. Touchant.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en Haute-Définition, en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance de cinéma d’époque. Ainsi, en mode « Séance complète », le film sera précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film, de publicités et de bandes-annonces de l’époque, le tout en HD. En mode « Film seul », « Des gens sans importance » se lancera directement.
Edité par Coin de Mire, « Des gens sans importance » est disponible dans une très belle édition digibook limitée à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu'un livret reproduisant des documents d'époque (24 pages), 10 reproductions de photos d'exploitation (14,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l'affiche d'époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira à l'évidence tous les cinéphiles.
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