Vivre pleinement sa propre vie
Seconds est un épisode de « Twilight Zone » qui durerait 1h40 ; aussi oppressant que la série et aussi critique de la société. Un quinquagénaire menant une vie pépère sans saveur se voie proposer par une mystérieuse organisation de changer de vie,repartir à zéro (nouveau métier, visage, lieu de vie,…) et en prime avec la jeunesse. Qui résisterait à cette promesse ? Les 20 premières minutes du film mettant sous pression le personnage principal face à ce dilemme sont angoissantes. Après, immerger dans la nouvelle vie d’Hamilton devenu Wilson, le spectateur s’ennuie un peu ; un scénario peu consistant fait regretter le tranchant et la concision de la série de science-fiction. Une scène forte visant à condamner l’american way of life vient malgré tout relever cette seconde partie indigente ; une scène sans artifice technique mais créant un fort malaise, le retour chez lui d’Hamilton en face d’une femme ne le reconnaissant pas. Il faut attendre le troisième acte pour retrouver la lourdeur de l’entame dans un final terrible et dénonciateur du mirage du rêve américain ; et si une nouvelle vie était en fait plus superficielle, plus angoissante, plus contrainte que la précédente… la boulette. Et ce final est donc fort de sens car il révèle plus un sentiment de gâchis que l’effroi !!! Le plus intéressant dans ce film n’est donc pas son histoire mais la technique mise en œuvre par John Frankenheimer pour livrer ce conte paranoïaque. Il fait preuve d’une ébauche d’effets : cadrage hyper serré, courte focale, snorri cam, décors déformés, jeux de focales et d’objectifs, montage syncopé, prises de vues sous différents angles ;… Novateur certainement mais dans les traces de Polanski avec « Répulsion » sorti un an auparavant. Un bon trip, un message fort ; mais beaucoup de biscottos (techniques) pour un contenu trop léger.Et pour finir ; comment Frankenheimer voyait l’Organisation (la société mystérieuse) : « Je voulais qu’ils soient très gentils, comme une banque ou une compagnie d’assurances. Tout à l’air d’être étudié pour vous faciliter la vie, jusqu’au jour où vous refusez de payer la note. »Et ce qu’il voulait et parvient à montrer à travers ce film : « Je voulais dire que le rêve américain, c’est du vent...Vous êtes ce que vous êtes. Vous devez vivre avec cette idée et l’accepter. Cela ne sert à rien de vouloir rêver que vous changez complètement à l’intérieur de la même société. Au contraire, vous devez apprendre à vivre avec vous-même, à vous accepter tel que vous êtes. Ensuite vous pourrez essayer de progresser et de faire progresser le monde autour de vous, à condition que vous acceptiez votre passé. Si vous éliminez votre passé, vous êtes foutu. Le rêve que caresse le héros est une échappatoire. Vous n’avez pas le droit d’échapper à ce qui vous entoure, à vos responsabilités. Vous ne pouvez pas y échapper, contrairement à ce qu’on vous enseigne en Amérique. Il faut les accepter et essayer de progresser intérieurement (...)Seconds est un film terriblement pessimiste, mais je n’arrive pas du tout à croire au thème de la seconde chance. Ce n’est pas seulement un thème américain, il devient important en France : je lis vos journaux, vos magazines, et là, je crois que vous vous américanisez dangereusement. ».Quarante ans après ce constat, et alors que les alternatives à la réalité (et donc à la responsabilité individuelle) n’ont cessé de se développer dans tous les domaines, l’angoissante prophétie de John Frankenheimer semble s’être accomplie.
Sorti en 1966
Ma note: 13/20
Seconds est un épisode de « Twilight Zone » qui durerait 1h40 ; aussi oppressant que la série et aussi critique de la société. Un quinquagénaire menant une vie pépère sans saveur se voie proposer par une mystérieuse organisation de changer de vie,repartir à zéro (nouveau métier, visage, lieu de vie,…) et en prime avec la jeunesse. Qui résisterait à cette promesse ? Les 20 premières minutes du film mettant sous pression le personnage principal face à ce dilemme sont angoissantes. Après, immerger dans la nouvelle vie d’Hamilton devenu Wilson, le spectateur s’ennuie un peu ; un scénario peu consistant fait regretter le tranchant et la concision de la série de science-fiction. Une scène forte visant à condamner l’american way of life vient malgré tout relever cette seconde partie indigente ; une scène sans artifice technique mais créant un fort malaise, le retour chez lui d’Hamilton en face d’une femme ne le reconnaissant pas. Il faut attendre le troisième acte pour retrouver la lourdeur de l’entame dans un final terrible et dénonciateur du mirage du rêve américain ; et si une nouvelle vie était en fait plus superficielle, plus angoissante, plus contrainte que la précédente… la boulette. Et ce final est donc fort de sens car il révèle plus un sentiment de gâchis que l’effroi !!! Le plus intéressant dans ce film n’est donc pas son histoire mais la technique mise en œuvre par John Frankenheimer pour livrer ce conte paranoïaque. Il fait preuve d’une ébauche d’effets : cadrage hyper serré, courte focale, snorri cam, décors déformés, jeux de focales et d’objectifs, montage syncopé, prises de vues sous différents angles ;… Novateur certainement mais dans les traces de Polanski avec « Répulsion » sorti un an auparavant. Un bon trip, un message fort ; mais beaucoup de biscottos (techniques) pour un contenu trop léger.Et pour finir ; comment Frankenheimer voyait l’Organisation (la société mystérieuse) : « Je voulais qu’ils soient très gentils, comme une banque ou une compagnie d’assurances. Tout à l’air d’être étudié pour vous faciliter la vie, jusqu’au jour où vous refusez de payer la note. »Et ce qu’il voulait et parvient à montrer à travers ce film : « Je voulais dire que le rêve américain, c’est du vent...Vous êtes ce que vous êtes. Vous devez vivre avec cette idée et l’accepter. Cela ne sert à rien de vouloir rêver que vous changez complètement à l’intérieur de la même société. Au contraire, vous devez apprendre à vivre avec vous-même, à vous accepter tel que vous êtes. Ensuite vous pourrez essayer de progresser et de faire progresser le monde autour de vous, à condition que vous acceptiez votre passé. Si vous éliminez votre passé, vous êtes foutu. Le rêve que caresse le héros est une échappatoire. Vous n’avez pas le droit d’échapper à ce qui vous entoure, à vos responsabilités. Vous ne pouvez pas y échapper, contrairement à ce qu’on vous enseigne en Amérique. Il faut les accepter et essayer de progresser intérieurement (...)Seconds est un film terriblement pessimiste, mais je n’arrive pas du tout à croire au thème de la seconde chance. Ce n’est pas seulement un thème américain, il devient important en France : je lis vos journaux, vos magazines, et là, je crois que vous vous américanisez dangereusement. ».Quarante ans après ce constat, et alors que les alternatives à la réalité (et donc à la responsabilité individuelle) n’ont cessé de se développer dans tous les domaines, l’angoissante prophétie de John Frankenheimer semble s’être accomplie.
Sorti en 1966
Ma note: 13/20