L'hiver frappe fort le coeur des cinéphiles... Après Nicolas Roeg et Bernardo Bertolucci nous apprenons la mort prématurée du producteur-distributeur français Samuel Hadida ce lundi 26 novembre à l'âge de 64 ans.
Né en 1953 à Casablanca au Maroc il a effectué ses études à Paris. A la suite il co-fonde en 1978 avec son père David et son frère Victor (ci-dessus ensemble, Samuel à droite) la société de distribution Metropolitan Filmexport.
La société est devenue un distributeur indépendant de premier ordre. Ils débutent en distribuant notamment le film "Evil Dead" (1981) de Sam Raimi et "Les Griffes de la Nuit" (1983) de Wes Craven.
Ces deux films sont symboliques et montrent la voie, la société se spécialise en effet dans les films de genre comme l'horreur et le fantastique. Mais Metropolitan ont également des accords pour la distribution des films produits par Dino De Laurentiis, Hammer Films et surtout NewLine Cinema (qui sera absorbé par Warner).
Ils ouvrent deux filières avec Seven Sept pour l'édition Vidéo-Club et les libraires, puis surtout HK Vidéo pour le cinéma asiatique. Ils distribuent ainsi également la trilogie "Le Syndicat du Crime" (1986-1989) de John Woo.
Samuel Hadida fonde en 1990 la société Davis Films et se lance dans la production, évidemment en association avec Metropolitan.
Il frappe fort avec la production de "True Romance" (1993) de , d'après un scénario d'un certain Quentin Tarantino. Hadida précise dans la magazine Variety en 2014 : "J'ai lu le scénario de "True Romance" quand Tarantino travaillait encore dans un videoclub et j'ai été le premier à l'acheter. On l'a produit, on a embarqué Tony Scott à la réalisation et ça a été le début d'une grande aventure."
Il enchaine avec des films comme "Killing Zoe" (1994) de Roger Avary et "Crying Freeman" (1997) de Christophe Gans, "Freeway" (1996) de Matthew Bright, "Dancing At The Blue Iguana" (2000) de Michael Radford et surtout "Le Pacte des Loups" (2001) de Christophe Gans.
Il devient bientôt un des producteur-distributeur francophones les plus puissants. Il obtient des accords à long terme avec NewLine mais aussi avec Lionsgate qui permettent à Metropolitan de distribuer les succès mondiaux comme les franchises "Le Seigneur des Anneaux" et "Hunger Games".
Il lance la production le la saga "Resident Evil" (2002) de Paul W.S. Anderson qui ouvre ainsi la porte aux adaptations à succès des jeux vidéos, comme par exemple "Silent Hill" (2006) de Christophe Gans.
Mais il diversifie aussi les genres avec "Les Lois de l'Attraction" (2002) de Roger Avary, "Le Pont du Roi Saint-Louis" (2004) de Mary McCuckian, "Domino" (2005) de Tony Scott, "Le Parfum" (2006) de Tom Tykwer, "L'Imaginarium du docteur Parnassus" (2009) de Terry Gilliam et "Les Chemins de la Liberté" (2010) de Peter Weir.
Samuel Hadida pense également à la télévision. Davis Films signe un accord pour l'adaptation de la série de livres House of Night en 2011 mais malgré l'achat des droits Hadida ne lance jamais la production ouvrant une polémique et créant une tension avec la fan base de l'oeuvre et, surtout avec les auteurs.
Outre les suites des franchises "Resident Evil" et "Silent Hill", Samuel Hadida multiplie les expériences et participe à des productions de plus en plus ouvertes à tous les genres.
Il produit ou co-produit les films "Des Saumons dans le Désert" (2011) de Lasse Hällstrom, "Sin City : j'ai tué pour elle" (2014) de Roberto Rodriguez, "L'Odeur de la Mandarine" (2015) de Gilles Legrand, (2015) de Claude Lelouch, "Hitman et Bodyguard" (2017) de Patrick Hugues et le remake (2017) de Michael Noer.
Pour ces derniers projets qui seront posthumes on peut citer "Red Snake" (2019) de Caroline Fourest sur des femmes kurdes et yézidies combattant l'Etat Islamique, qui sera suivi normalement du prochain "Les Plus Belles Années" (2019) de Claude Lelouch.
Caroline Fourest, journaliste-essayiste qui signe avec "Red Snake" son premier film a salué Samuel Hadida comme un homme "drôle, passionné et culotté"... Le producteur-distributeur a su imposer un style et une audace assez rare en France, il a su être un acteur majeur du cinéma hexagonal en n'oubiant jamais que le Septième Art n'a pas de frontière.
Samuel Hadida est mort dans un hôpital de Los Angeles après une courte mais foudroyante maladie, ce lundi 26 novembre 2018 (et non pas le 27 comme indiqué sur Allociné) à l'âge de 64 ans.