De David Yates
Avec Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler
Chronique : Alors, il est comment le nouveau Harry Potter ? Il ressemble à du Harry Potter, il a le goût du Harry Potter… mais ce n’est pas du Harry Potter. Voilà comment on pourrait résumer l’amorce déjà bien entamée (presque 5 heures de film quand même) de la nouvelle saga issue du Wizarding World de J.K Rowling.
L’auteure souhaitait étendre son univers magique au-delà de Londres et Poudlard, proposant avec Les Animaux Fantastiques de découvrir le monde des sorciers de New York pour le premier opus, celui de Paris dans celui-ci. Alors certes, c’est très joli. L’émerveillement s’essouffle un peu mais opère toujours, s’appuyant sur la maîtrise de Rowling sur sa création, et une inventivité jamais mise en défaut. Il y a une cohérence et un savoir-faire indéniable.
Les Crimes de Grindelwald tente par ailleurs de corriger les principaux défauts de son prédécesseur. Rowling et Yates son réalisateur désormais attitré ont souhaité donner plus de souffle à leurs intrigues et plus d’épaisseur dramatique à des personnages bien faiblards jusqu’alors. En résulte un scénario beaucoup plus sombre, assez proche des derniers films de la saga originelle ou du Prisonnier d’Azkaban. En toile de fond, un propos politique sur la montée des fascismes, d’un effrayant populisme et sur l’expression d’une xénophobie de plus en plus assumée. Oui, ça trouve un écho à l’actualité moldu, mais ça rappelle surtout beaucoup le retour de Voldemort…
Au delà de cette redondance, la volonté de densifier les intrigues pour gagner en profondeur se heurte à des maladresses d’écriture flagrante qui aboutissent à l’inverse du résultat recherché.
En multipliant les pistes narratives, complexes et forcément non abouties, Les Crimes de Grindelwald ronronne au lieu de captiver. On a l’impression que les auteurs les lancent afin d’observer celles qui plairont le plus aux spectateurs pour mieux les développer dans les prochains films. La magie n’opère plus et ce n’est pas le sort des personnages principaux, ennuyeux et dont, disons le clairement, on se fout un peu, qui réhausse l’intérêt du film..
D’autant plus que cette deuxième aventure confirme l’erreur de casting de son héros. Eddie Redmayne est de plus en plus agaçant. Son (sur) jeu ampoulé et maniéré à l’excès, ses inclinations de mentons qu’il propose pour TOUS ses personnages rendent son Norbert Dragonneau bien peu attachant.
Heureusement, les rôles secondaires se révèlent très convaincants, Johnny Depp, glacial et cynique, incarne un Grindelwald vénéneux et plus complexe qu’il n’y paraît, offrant avec son discours final l’un des passages les plus forts du film. Son arrivée dans la franchise était contestée, mais c’est une réelle réussite. Jude Law est également parfait en jeune Dumbledore. Il est d’ailleurs particulièrement frustrant que l’intrigue la plus digne d’intérêt(la seule en fait) du film et sans doute de la tétralogie, la relation intime des deux sorciers, ne soit quasiment pas abordée. Espérons que ce ne soit que pour mieux l’exploiter plus tard. Enfin Croyance confirme être le personnage le plus intéressant de la saga , il faut dire que Ezra Miller, l’acteur qui l’incarne est fascinant. Le dénouement laisse entendre que les prochains films pourraient se concentrer sur lui et ses origines.
Pour peu que JK Rowling décide de lâcher ses premiers héros bien fades (elle n’a jamais hésité à tuer ses personnages, franchement on ne lui en voudra pas de nous débarrasser de Norbert) pour nous raconter plus en détail l’histoire de Albus Dumbledore, Grindelwald et Croyance, alors oui, on ira volontiers voir la suite.
Synopsis : 1927. Quelques mois après sa capture, le célèbre sorcier Gellert Grindelwald s’évade comme il l’avait promis et de façon spectaculaire. Réunissant de plus en plus de partisans, il est à l’origine d’attaque d’humains normaux par des sorciers et seul celui qu’il considérait autrefois comme un ami, Albus Dumbledore, semble capable de l’arrêter. Mais Dumbledore va devoir faire appel au seul sorcier ayant déjoué les plans de Grindelwald auparavant : son ancien élève Norbert Dragonneau. L’aventure qui les attend réunit Norbert avec Tina, Queenie et Jacob, mais cette mission va également tester la loyauté de chacun face aux nouveaux dangers qui se dressent sur leur chemin, dans un monde magique plus dangereux et divisé que jamais.