Un grand merci à StudioCanal pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Nickelodeon » de Peter Bogdanovich.
« Vous ne savez pas qui D.W. Griffith ? Il est ce qui est arrivé de mieux au cinéma depuis l’invention du cinéma ! »
Etats-Unis, 1909. Avocat, puis écrivain, puis réalisateur de film, tel est le parcours du timide Leo Harrigan. Mais Leo a aussi des problèmes, comme par exemple être irrémédiablement épris de sa vedette, qui choisit de récompenser ses attentions en se liant à Buck Greenaway, la vedette masculine et vulgaire des films d’Harrigan...
« Cette fois, on est redevenu des hors-la-loi ! »
Monument de la cinéphilie américaine, Peter Bogdanovich fut avant tout un critique et un essayiste (on lui doit des ouvrages de références sur Ford ou Hawks) respecté. Mais comme ses collègues français des Cahiers du Cinéma avant lui, il finira par délaisser le journalisme pour s’essayer à la réalisation. Lancé par Roger Corman, il offre ainsi son dernier rôle au mythique Boris Karloff dans « La cible » (1968). Mais c'est avec « La dernière séance » (1971), portrait naturaliste d'une jeunesse américaine désœuvrée, qu'il obtient la reconnaissance critique et publique. Personnalité à part du Nouvel Hollywood, il enchaine alors les succès avec « On se fait la valise docteur ? » (1972) puis « La Barbe à Papa » (1973), avant que sa carrière ne décline totalement après le flop de « Daisy Miller » (1974). S'en suivront alors plusieurs échecs commerciaux (« Enfin l’amour », « Jack le magnifique », « Et tout le monde riait ») qui finiront par mettre un frein à sa carrière et le pousseront progressivement à s'éloigner des plateaux.
« Le cinéma est un langage universel, une sorte de musique pour les yeux. Si on est bons, peut-être qu’on arrivera à donner aux gens des tous petits morceaux de vie qu’ils n’oublieront jamais »
Ancêtre des salles de cinéma classiques, le nickelodéon fut dans l'Amérique du tout début du vingtième siècle, un lieu de divertissement populaire et peu cher dans lequel étaient diffusés les premiers films muets à raison d'un film tous les quarts d'heure. Comme son titre l'indique donc, Peter Bogdanovich nous invite ici à une plongée nostalgique à l'époque des balbutiements du septième art naissant avant que celui-ci ne devienne une véritable industrie. En fin connaisseur de l'Histoire du cinéma américain, le cinéaste nous remémore les affres de la « guerre des brevets » et la migration des petits producteurs vers la Californie, dernier espace suffisamment éloigné de la côte est où il était encore possible de travailler sans licence dans le plus grand anonymat. Mais plus encore, ce qui intéresse à l'évidence ici Bogdanovich, c'est de saisir la formidable candeur qui règne encore dans ce petit microcosme dont les principaux acteurs ne sont pas là par vocation mais le plus souvent par le fruit du hasard. Le cinéma étant alors une nouvelle technologie qu'il fallait alors dompter et dont la technique et le langage restaient à inventer. On s'émerveille ainsi des idées parfois saugrenues de cette joyeuse bande de pieds nickelés bien décidés à faire des films innovants (le coup de la montgolfière est assez génial !). Il plane ainsi sur ce « Nickelodeon » un grand vent de légèreté et de liberté, d'autant que Bogdanovich use beaucoup dans sa mise en scène des effets du burlesque et du slapstick comme une mise en abyme des films tournés à cette époque. Porté par deux grandes icones du cinéma américain des seventies (Ryan O'Neil et Burt Reynolds, tous deux parfaits), ce « Nickelodeon » constitue un formidable et savoureux hommage de cinéphile aux pionniers du cinéma.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version couleur (conforme à son exploitation en salles) ainsi qu’en noir et blanc (version voulue initialement par le réalisateur). Il proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une préface de Jean-Baptiste Thoret, d’un commentaire audio de Peter Bogdanovitch et d’un documentaire « Peter Bogdanovich : les films invisibles » (27 min.).
Edité par StudioCanal, « Nickelodeon » est disponible en combo blu-ray + DVD au sein de la collection « Make may day ! » depuis le 28 novembre 2018.
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