Réalisateur : Boots Riley
Acteur : Lakeith Stanfield, Armie Hammer, Tessa Thompson, Danny Glover, Steven Yeun, Jermaine Fowler, Omari Hardwick, Terry Crews,...Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Comédie, Fantastique, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min.
Synopsis :
Après avoir décroché un boulot de vendeur en télémarketing, Cassius Green bascule dans un univers macabre en découvrant une méthode magique pour gagner beaucoup d'argent. Tandis que sa carrière décolle, ses amis et collègues se mobilisent contre l'exploitation dont ils s'estiment victimes au sein de l'entreprise. Mais Cassius se laisse fasciner par son patron cocaïnomane qui lui propose un salaire au-delà de ses espérances les plus folles…
Critique :
Trip sous LSD barré et énergique,#SorryToBotherYou déboulonne autant le mythe biaisé de la méritocratie et de l'American Dream que les dérives du capitalisme, et en profite même pour pointer avec rage les travers d'une Amérique boursouflée par le racisme et les inégalités.Immense pic.twitter.com/dumWxPrsrt— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 10 décembre 2018
Il y a une petite satisfaction non négligeable d'avoir la chance de pouvoir mirer en salles le très buzzé et alléchant Sorry To Bother You de Boots Riley, à une heure ou plus d'un distributeur botte volontairement en touche en jouant gentiment la carte du VOD, voire celle de plus en plus fréquente, d'une Netflix qui s'est rendu plus forte que jamais en récupérant les bébés d'exception en cours de production - chapeau Universal Pictures.
Une petite satisfaction donc mais surtout, une excitation certaine d'avoir pu découvrir dans des conditions optimales, ce qui est sans doute l'un des premiers films les plus grisants et importants de ces dernières années.Gentiment intercalé derrière la figure tutélaire de Spike Lee (une filliation encore plus prégnante quand on voit la sortie du film arrive juste quelques temps après celle de son BlacKkKlansman), la péloche est un bouillant brûlot politique autant qu'une enthousiasmante satire sociale aussi ambitieuse qu'elle est sans concession, frappant de tout son long là où ça fait mal, que ce soit subtilement ou de manière plus frontale.
Prenant son temps pour installer ses enjeux - réalistes - et ses personnages (finement croqués, et poussant de facto à l'empathie), avant de volontairement plonger tête la première dans l'absurde jouissif, Boots Riley déboulonne de l'intérieur le mythe biaisé autant de la méritocratie que de l'American Dream, et profite de l'occasion pour encore plus gifler avec puissance les travers d'une Amérique boursouflée par le racisme et les inégalités (et la suprématie blanche), sans pour autant laisser de côté les dérives du capitalisme (la marginalité de l'économie des petits boulots, les inégalités croissantes, la crise du logement, la similarité à peine masquée avec l'esclavagisme,...).
Jonathan Chevrier