Chaque semaine je fais — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une programmation cinématographique autour de trois œuvres.
Semaine du 16 Décembre au 22 Décembre
Eddie The Eagle de Dexter Fletcher sur 6Ter.
Michael « Eddie » Edwards n’a jamais été sportif. Il rêve pourtant depuis l’enfance de participer aux Jeux olympiques. Son envie et sa volonté, malgré son niveau sportif, vont lui faire réaliser son rêve en participant à l’épreuve de saut à ski aux Jeux olympiques de 1988. Avec l’aide de Bronson Peary, un entraîneur aussi atypique que lui, Eddie va marquer les esprits à sa façon.
Éloge de la persévérance, Eddie The Eagle fait du bien au cœur. S’inscrivant dans la tendance du film feel-good, Dexter Fletcher nous embarque dans cette aventure folle, mais avant tout humaine. Lorgnant vers une sorte de Billy Elliot du ski, Eddie The Eagle a ce ton anglais ne se privant jamais de second degré envers ses personnages, mais en les aimant passionnément. Pour preuve, que tout cela est fait avec cœur, c’est l’émotion que dégage la fin du film dans ce qui fait office de climax. Une courte scène ou un stade applaudi Eddie, comme un parent on devient faire de ce mec au rêve fou.
Cyrano aime depuis l’enfance sa cousine Roxane, mais n’a jamais osé le lui dire. Il se croit défiguré par un nez trop long et pense que sa laideur l’empêche à tout jamais d’être aimé par une femme. Il est vrai que Roxane, de son côté, rêve d’aimer un homme qui allierait l’esprit et la beauté. Elle croit l’avoir trouvé le jour où elle rencontre Christian. Mais Christian, hélas, se croit sot : il est incapable de parler aux femmes. Cyrano viendra à son secours. Il lui soufflera ses mots, il lui dictera ses lettres, et les deux hommes feront ainsi — l’un dans l’ombre de l’autre — la conquête de Roxane…
Adapter du théâtre au cinéma n’a rien d’une évidence. Adapter Cyrano de Bergerac encore moins. Pourquoi ? D’abord, car la pièce fait 4heures et qu’elle est intégralement écrite en alexandrin, rien de moins. De ce pari pour le moins fou né une œuvre vibrante, vivante, renversante d’émotions en grande partie grâce a l’interprétation monstrueuse d’un Gérard Depardieu au sommet de son art. Entièrement écrit en alexandrin, le Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau est un travail d’orfèvre tirant l’essence de l’œuvre originale tout en la pliant aux exigences du cinéma. Tout cela afin de pouvoir déployer un trépidant film de cape et d’épée aux profonds élans romanesques.
Jeudi 20 Decembre.
L’inconnu du Nord-Express d’Alfred Hitchcock sur Arte.Un champion de tennis est abordé dans un train par un inconnu qui lui propose un étrange marché : il supprime sa femme encombrante si celui-ci se charge d’éliminer son propre père. Croyant avoir à faire à un fou, le tennisman ne lui prête aucune attention. Peu de temps après, sa femme est assassinée...
L’inconnu s’entrechoque à vous, il vous happe peu à peu, soudain, vous prenez peur, il est trop tard, l’inconnu et vous n’êtes plus qu’un. D’un cynisme sidérant, Hitchcock dessine une œuvre perverse, ambiguë et fascinante. La force du cinéaste est de parvenir a offrir un thriller impeccablement mené dans lequel vient s’immiscer des réflexions autour de la nature humaine, ici, la part d’ombre qui habite chacun de nous. Son climax, une bataille dans un ménage, apparaît comme l’acte libérateur, celui où l’on exprime nos instincts les plus primitifs. Trop souvent resté à l’ombre de films tels que Psychose, Sueurs Froides ou encore La mort aux trousses, L’inconnu du Nord-Express est pourtant bien l’un des chefs d’œuvres du cinéaste anglais.
Thibaut Ciavarella