Un grand merci aux Editions Montparnasse pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Un homme est mort » de Olivier Cossu.
« Une veillée funèbre, c’est pas la place pour une caméra ! »
Brest 1950. La ville est en pleine reconstruction après les bombardements de la guerre. Lors d’une manifestation revendiquant de meilleures conditions salariales, la situation avec les forces de l’ordre dégénère. Et le 17 avril, le drame se produit. La police, dépassée par l’ampleur du mouvement, tire sur la foule, et le jeune ouvrier Edouard Mazé est abattu d’une balle en pleine tête.
« Edouard est mort et c’est pas un film qui va le faire revenir »
« Un homme est mort ». Par ce vers resté célèbre, le poète Paul Eluard rendait hommage au courage et au sacrifice de son ami Gabriel Péri, journaliste, député et résistant qui fut à ce titre fusillé par les allemands. Par analogie, ces quelques mots sont aussi le titre du premier film de René Vautier, sorte de poème filmé par lequel il rendait hommage à Edouard Mazé, militant tombé sous les balles de la police au cours d’une manifestation autorisée et figure emblématique des révoltes ouvrières qui secouèrent Brest en 1950. Ce film, commandé par le Parti Communiste (dont Vautier sera toute sa vie un fidèle compagnon de route) et destiné à galvaniser le moral des grévistes, fut tourné et monté avec les moyens du bord, avant d’être assez vite définitivement perdu. Ce qui lui conféra une sorte de dimension mythique. La folle histoire de ce film fut ainsi racontée par Kris et Etienne Davodeau dans leur roman graphique éponyme, ici librement adapté en film d’animation par Olivier Cossu.
« Va montrer ton film partout, qu’on voit comment les ouvriers se battent et meurent par ici »
A l’instar des récents « Valse avec Bachir » ou « Persepolis », Olivier Cossu signe avec « Un homme est mort » un film d’animation d’une grande maturité et au caractère historico-politique très fort. En l’occurrence, il nous plonge dans les grandes grèves ouvrières qui ont secoué la ville de Brest en 1950. Une révolte sociale d’ampleur qui comptera parmi les plus dures que la France ait connu dans les années de l’après-guerre. Il faut dire que la ville de Brest, intégralement rasée par les bombardements, a particulièrement souffert. En suivant une poignée de militants fictifs, le film nous montre ainsi les ruines de la ville martyrs et les effroyables conditions de vie de ses travailleurs et de leurs familles, logés misérablement dans des cabanons de fortune. Des conditions de vie déplorables, couplées à des conditions de travail difficiles, qui expliquent aisément l’ampleur des révoltes. Se plaçant ainsi parmi ces hommes, le film rend ainsi parfaitement compte de leur mobilisation et de leur combat. Mais « Un homme est mort » est aussi un formidable hommage au cinéma lui-même comme moyen politique d’expression et de lutte. D’abord sceptiques, les ouvriers missionnés pour aider Vautier dans la réalisation de son film découvriront que les images constituent un formidable outil pour témoigner et pour galvaniser les populations. En creux, le film rend également hommage au travail de René Vautier (1928-2015), cinéaste rendu célèbre à l’époque pour ses films engagés (notamment « Afrique 50 » qui lui vaut quelques mois de prison ou encore « Avoir 20 ans dans les Aurès ») et aujourd’hui quelque peu tombé dans l’oubli. Aussi passionnant qu'émouvant.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (2.0), sans sous-titres.
Côté bonus, il est accompagné des modules « Kit de construction des décors », « Utilisation de la 3D pour les décors récurrents », « Les accessoires en 3D pour faciliter le travail des animateurs », « Des éléments de décors 2D qui se fondent dans la 3D ». De plus, le DVD est accompagné d’un riche livret de 32 pages contenant des planches de BD, des dessins et des morceaux du story-board.
Edité par les Editions Montparnasse, « Un homme est mort » est disponible en DVD depuis le 2 octobre 2018.
Le site Internet des Editions Montparnasse est ici. Sa page Facebook est ici.