La Rose et la Flèche (1976) de Richard Lester

Par Seleniecinema @SelenieCinema

A l'instar de Dracula ou Sherlock Holmes le personnage de Robin des Bois est un des plus récurrents sur les écrans, mais cette fois ce film ne raconte pas les aventures habituelles du héros légendaires comme dans le chef d'oeuvre du genre "Les Aventures de Robin des Bois" (1938) de Michael Curtiz et en attendant une remise à jour avec le prochain "Robin Hood" (2018) de Otto Barthurst... D'ailleurs rappelons à propos de son nom qu'en fait il n'aurait jamais dû se nommer Robin des Bois en français car "Robin Hood" veut dire "Robin à la Capuche" ou "au Capuchon" (Tout savoir ICI !)... Le réalisateur Richard Lester est déjà connu pour des films d'aventures historiques notamment avec la trilogie "Les Trois Mousquetaires" (1973), "On l'Appelait Milday" (1974) et la suite qu'il n'aurait jamais dû faire "Le Retour des Mousquetaires" (1989). Le scénariste est le dramaturge James Goldman également spécialiste du film historique qui a signé "Le Lion en Hiver" (1968) de Anthony Harvey et "Nicholas et Alexandra" * (1971) de Franklin J. Schaffner. Dans les rôles titres (dixit le titre en V.O. "Robin and Marian") on retrouve Sean Connery au sommet et surtout Audrey Hepburn qui revient alors après 8 années d'absence, son dernier film était "Seule dans la Nuit" (1968) de Terence Young.

Richard Coeur de Lion est incarné par Richard Harris qui retrouve donc Sean Connery après "Traitre sur Commande" (1970) de Martin Ritt. Le roi Jean sans Terre est incarné par Ian Holm qui, après près de 20 ans d'expérience devra attendre un peu avant de connaitre le succès avec "Alien, le Huitième Passager" (1979) de Ridley Scott. Le Shérif de Nottingham est incarné par Robert Shaw alors tout juste sorti du succès mondial "Les Dents de la Mer" (1975) de Steven Spielberg et qui retrouve Sean Connery après "Bons Baisers de Russie" (1963) de Terence Young. En prime on reconnaitra une toute jeune débutante dans sa seconde apparition sur grand écran, il s'agit de Victoria Abril, future muse de Pedro Almodovar qui profita à l'époque que le film soit tourné en Espagne... En effet, le film fut tourné dans le Pays Basque espagnol l'été 1975. D'ailleurs c'est aussi l'un des défauts du film puisque, si la première partie se déroule en France environ du Limousin et la seconde partie en Angleterre environs de la Forêt de Sherwood, on peut s'interroger sur les paysages et décors particulièrement arides et secs qui ne correspondent pas du tout... mais c'est bel et bien le seul soucis de ce film original qu'audacieux. Le film nous raconte la fin de vie du couple Robin et Marianne une bonne vingtaine d'année après les aventures qu'on connait tous et qui ont forgé la légende (Robin jeune serait donc vers les années 1175-1180, ici on serait vers 1199-1200). Dans un moyen-âge âpre et réaliste qui inspirera sans aucun doute un autre chef d'oeuvre avec "La Chair et le Sang" (1987) de Paul Verhoeven. Mais Lester, moins cynique et plus romantique y ajoute une histoire d'amour qui se termine avec une des plus belles fins romantiques qui soit.

La reconstitution d'époque est époustouflante de précision et de réalisme jusque dans les tissus des costumes ; il n'y a réellement que les paysages trop espagnols pour nous titiller. Un réalisme brut et loin des aventures bondissantes que la légende raconte. Ici Robin revient de 20 années de guerres et batailles, il est fatigué mais il est aussi incapable de changer et ce, malgré ses retrouvailles avec Marianne merveilleusement incarnée par la charmante et touchante Audrey Hepburn. Loin d'être une jolie oie blanche elle est fière et va imposer son point de vue et sa volonté en surprenant son monde, nous comme Robin ! De la nostalgie du passé on se retrouve dans une réalité qui casse les codes de la chevalerie, ainsi Robin a connu les horreurs en servant un roi que le film remet à sa place, Richard Coeur de Lion se retrouve entre autre complètement descendu de son piedestal. Si le ton du film est un mix génialement maitrisé entre humour et action avec une bonne dose d'autodérision à l'insu du plein gré de ses propres personnages la toute dernière partie est bel et bien tragique avec cet ultime romantisme dont la flèche foudroie d'émotion. Un grand et beau film. Conseil... Revivez la jeunesse flamboyante et bondissante de Robin avec "Les Aventures de Robin des Bois" (1938) de Michael Curtiz avant de savourer les dernières années d'un Robin dont le poids des années a remis dans le droit chemin de la réalité des choses...

Note :