Space Cow-boy
Damien Chazelle, petit génie du cinéma US, s’attaque à un monument de l’histoire et du patriotisme américain récent : l’alunissage de 1969. En dressant un portrait de Neil Armstrong sur 10 ans (1960 à 1969), il aurait été tentant de tomber soit dans le patriotisme grandiloquent soit le spectaculaire triomphaliste. Mais l’approche de Damien Chazelle est plus subtile que le Eastwood de « American sniper » et plus intimiste que Philip Kauffman qui traita le même sujet (« L’étoffe des héros ») sous un angle élégiaque. Chazelle donne le ton dans sa première partie en mettant au centre l’homme et non le spationaute en devenir. Donc tout commence par le drame familial que vie Armstrong : le décès de sa fille. Suite à ce traumatisme, on le verra sans cesse construire sa vie bien en dehors de sa cellule familiale. Dans les deux films précédents de Chazelle, les personnages principaux sacrifiait une partie d’eux-mêmes au profit d’ambitions supérieures ; là, la famille d’Armstrong n’est pas un fardeau à ses aspirations personnelles mais à l’isolement qu’il recherche. Et la mort ambiante du foyer qu’il fuit, il la retrouve sans cesse et de manière concrète dans ses missions où elle peut surgir à tout moment. Symbole de cette distance prise avec les siens ; dans la dernière scène, il regarde sa femme à travers une vitre comme il regarde la lune à travers la visière de son casque ou le hublot du module d’alunissage. Voilà pour la sphère familiale ; mais dès que l’on sort de l’intime ; les pionniers de la conquête de l’espace font office de grands explorateurs des temps modernes à l’image de leurs homologues marins : Colomb, Vasco de Gama, Magellan,… Les véhicules spatiaux faits de bric et de broc font penser à de grandes maquettes en balsa. Fallait être un peu dingue pour grimper là-dedans tout comme aller au fin fond des océans dans des barcasses. On ressent la tension à chaque instant lors des vols ; chaque bouton, clapets, voyant est une source d’inquiétude ; on ne sent pas une grande fiabilité technologique à bord de ces engins. Loin du spectaculaire, car tout est filmé à travers le casque ou le hublot d’Armstrong pour livrer une version la plus intérieure possible de la conquête spatiale. C’est flippant tout de même et atteindre l’objectif d’alunir parait tenir du miracle. Le film affronte ce coup humain, il met aussi en exergue les préoccupations américaines du moment (lutte pour les droits civiques, guerre du Vietnam) si éloignées des si couteux programmes spatiaux. Toute la défiance du peuple pour les sommes colossales engagées parait bien noble lorsque l’on comprend dès le début du film que la seule motivation de l’alunissage est d’affirmer sa supériorité sur l’ennemi soviétique. Après on peut regretter le traitement quelque peu clinique de Chazelle, mais au talent on pardonne aisément. Tout comme on pardonne quelques envolées Mallickienne type « Tree of life » lorsqu’il s’agit des flash-back mettant en scène la fille d’Armstrong. L’ambiance aussi intérieure et feutrée du film à l’image d’un Ryan Gosling en anti-héros discret et taiseux relègue au second plan la fameuse phrase tant attendu par tousles spectateurs en entrant dans la salle : « c’est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité ». Et voilà, encore un bon film sur 2018
Sorti en 2018
Ma note: 14/20
Damien Chazelle, petit génie du cinéma US, s’attaque à un monument de l’histoire et du patriotisme américain récent : l’alunissage de 1969. En dressant un portrait de Neil Armstrong sur 10 ans (1960 à 1969), il aurait été tentant de tomber soit dans le patriotisme grandiloquent soit le spectaculaire triomphaliste. Mais l’approche de Damien Chazelle est plus subtile que le Eastwood de « American sniper » et plus intimiste que Philip Kauffman qui traita le même sujet (« L’étoffe des héros ») sous un angle élégiaque. Chazelle donne le ton dans sa première partie en mettant au centre l’homme et non le spationaute en devenir. Donc tout commence par le drame familial que vie Armstrong : le décès de sa fille. Suite à ce traumatisme, on le verra sans cesse construire sa vie bien en dehors de sa cellule familiale. Dans les deux films précédents de Chazelle, les personnages principaux sacrifiait une partie d’eux-mêmes au profit d’ambitions supérieures ; là, la famille d’Armstrong n’est pas un fardeau à ses aspirations personnelles mais à l’isolement qu’il recherche. Et la mort ambiante du foyer qu’il fuit, il la retrouve sans cesse et de manière concrète dans ses missions où elle peut surgir à tout moment. Symbole de cette distance prise avec les siens ; dans la dernière scène, il regarde sa femme à travers une vitre comme il regarde la lune à travers la visière de son casque ou le hublot du module d’alunissage. Voilà pour la sphère familiale ; mais dès que l’on sort de l’intime ; les pionniers de la conquête de l’espace font office de grands explorateurs des temps modernes à l’image de leurs homologues marins : Colomb, Vasco de Gama, Magellan,… Les véhicules spatiaux faits de bric et de broc font penser à de grandes maquettes en balsa. Fallait être un peu dingue pour grimper là-dedans tout comme aller au fin fond des océans dans des barcasses. On ressent la tension à chaque instant lors des vols ; chaque bouton, clapets, voyant est une source d’inquiétude ; on ne sent pas une grande fiabilité technologique à bord de ces engins. Loin du spectaculaire, car tout est filmé à travers le casque ou le hublot d’Armstrong pour livrer une version la plus intérieure possible de la conquête spatiale. C’est flippant tout de même et atteindre l’objectif d’alunir parait tenir du miracle. Le film affronte ce coup humain, il met aussi en exergue les préoccupations américaines du moment (lutte pour les droits civiques, guerre du Vietnam) si éloignées des si couteux programmes spatiaux. Toute la défiance du peuple pour les sommes colossales engagées parait bien noble lorsque l’on comprend dès le début du film que la seule motivation de l’alunissage est d’affirmer sa supériorité sur l’ennemi soviétique. Après on peut regretter le traitement quelque peu clinique de Chazelle, mais au talent on pardonne aisément. Tout comme on pardonne quelques envolées Mallickienne type « Tree of life » lorsqu’il s’agit des flash-back mettant en scène la fille d’Armstrong. L’ambiance aussi intérieure et feutrée du film à l’image d’un Ryan Gosling en anti-héros discret et taiseux relègue au second plan la fameuse phrase tant attendu par tousles spectateurs en entrant dans la salle : « c’est un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité ». Et voilà, encore un bon film sur 2018
Sorti en 2018
Ma note: 14/20