« Une Pluie sans fin » n'était pas un film que je pensais voir, mais une fois la bande-annonce vu, ce n'était pas la même chose. Et lorsque je l'ai découvert, une fois le film fini, j'ai été déçu. C'est un film que je trouve moyen, malgré d'évidentes qualités . Dong Yue pour son premier film, j'imagine qu'il a bien révisés ses classiques, comme le désormais incontournable « Memories of Murder » de Bong Joon-Ho. L'ambiance crépusculaire à souhait joue admirablement bien sur les textures et l'immensité de l'usine, qui habite les moindres recoins de l'intrigue comme du cadre dans lequel il s'érige. Vestige d'un temps sur le point d'éclater, il est encore pourtant le présent de milliers d'ouvriers, pris dans la nasse sans fin de l'industrie d'État. C'est un carcan idéal pour traiter cette bascule sociale qui s'opère en Chine à l'aube de la rétrocession de Hong-Kong, ou dans le sud du pays, là ou se déroule l'intrigue, l'histoire du tueur en série sonne comme le tocsin inéluctable du changement. L'individu n'existe plus, il s'efface sous la pluie, drue et sans fin, il devient la variable d'ajustement, un paramètre de plus aisément remplaçable, dans la transformation d'un pays qui n'attend plus les siens. L'employé de la sécurité, lorsqu'il perd son travail, trouve dans l'énigme que représente les meurtres, une façon de donner un sens nouveau à sa vie. Un salut pour sa tête, mais certainement pas pour son esprit, qui glisse dans les ténèbres à la manière de l'industrie d'Etat, avec comme seul but, de préserver ce qui existe, de peur que l'inconnu si prompt à angoisser, n'efface les souvenirs d'une vie passée. C'est là que le scénario de Dong Yue et le personnage de Yu Guowei est intéressant, pour ce qu'il dit et pour ce qu'il représente, une vie sacrifiée sur l'hôtel de la loi du marché.
Une pluie sans fin - 25 Juillet 2018 - Réalisé par Dong Yue